Le projet de loi 52 sur «les soins de fin de vie» du gouvernement Marois, qui porte sur le «droit de mourir dans la dignité», comporte un volet visant à décriminaliser et à rendre légales des formes d'euthanasie active.

Pour confondre la population, on présente l'euthanasie sous le néologisme «aide médicale à mourir». On le camoufle en «soins de fin de vie». Or, ce néologisme ne repose sur aucune reconnaissance sémantique dans la littérature médicale connue, ni dans la jurisprudence de notre pays.

Aucune instance médicale nationale ou internationale ne définit ni ne reconnaît l'«aide médicale à mourir». Il faut donc dénoncer l'«aide médicale à mourir» pour ce qu'elle est: un synonyme d'«euthanasie active».

En plus, le projet de loi introduit le concept de «sédation palliative terminale», un concept non défini dans le projet de loi et qui porte hautement à confusion. Dans la mesure où le but de cette sédation est de causer la mort, et non de soulager la souffrance, il s'agit là encore d'une autre forme d'«euthanasie active».

Il apparaît alors clair que le projet de loi vise essentiellement, sous une fausse appellation, à retirer un interdit datant de 24 siècles, soit le fait pour un médecin de donner volontairement la mort à un patient.

Ce projet de loi est contraire aux principes défendus par les chartes canadienne («chacun a droit à la vie») et québécoise («tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité» et «tout être humain a droit à la vie, à l'intégrité [...]de sa personne...»). La valeur ou la dignité d'une personne ne diminue pas en fonction de son âge, de son état ou de sa capacité. Or, ce projet de loi se fonde sur certains postulats éthiques contraires à nos chartes, notamment que «...l'intérêt de l'État à préserver la vie diminue en fin de vie» (rapport Ménard).

Les justifications évoquées par la ministre Hivon pour introduire l'euthanasie active («aide médicale à mourir») portent sur la nécessité d'avoir une approche humaniste et compassionnelle, sous-entendant que le refus de l'euthanasie marquerait un manque de compassion de la part du personnel médical. 

Une telle affirmation, abusive et fausse, porte atteinte à la reconnaissance de tous ceux qui prodiguent des soins avec dévouement et humanité aux patients souffrants du Québec, et qui considèrent dans leur conviction qu'on ne doit pas proposer ou provoquer la mort aux personnes en fin de vie. Personne n'a le droit de remettre en cause la compassion et l'humanisme qui habitent ces professionnels de la santé, ni au Québec, ni ailleurs dans le monde.

En outre, le gouvernement refuse de considérer les problèmes que soulèvera nécessairement la mise en application d'une telle loi. Il minimise les mises en garde de nombreux experts médicaux relativement aux préjudices que pourraient subir des personnes en état de vulnérabilité physique ou mentale - et surtout les personnes souffrant de trouble du jugement ou de dépression.

Le gouvernement choisit aussi d'ignorer les mises en garde contre de possibles dérives. Bien sûr, pour obtenir l'aide médicale à mourir il faudra satisfaire à certaines conditions. Mais ces conditions ne s'appliquent pas à la sédation palliative terminale et sont essentiellement les mêmes que celles adoptées en Belgique. Une imposante littérature scientifique médicale internationale démontre l'inefficacité des balises dans les pays comme la Belgique et les Pays-Bas. Permettre l'aide médicale à mourir, c'est ouvrir la porte à d'inévitables abus.

En déposant ce projet de loi, le gouvernement fait fi de la séparation des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les provinces et feint d'ignorer que l'euthanasie active sous forme d'aide médicale à mourir ou de sédation palliative terminale avec intention de causer la mort constituent des homicides et sont des actes criminels en vertu du Code criminel. 

Tuer n'est pas un soin. Tuer n'a rien à voir avec le système de santé et le Québec n'a donc pas compétence pour décriminaliser l'euthanasie.

En conséquence, nous demandons instamment aux élus du Québec, et plus spécialement à ceux des partis d'opposition, qui ont la responsabilité de protéger la population, de voter contre la légalisation de l'euthanasie contenue dans ce projet de loi.