Je suis une terroriste. C'est en entendant qu'un ami d'origine arabe s'est encore fait refuser l'entrée aux États-Unis la fin de semaine dernière que j'ai décidé d'écrire pour exprimer ma frustration, mais encore plus, ma déception devant l'association faite automatiquement entre les noms à ascendance arabe et le mot «terrorisme».

À chaque voyage, c'est le même processus. Le stress. La fouille. Les questions. «Quel est votre lien avec le Hezbollah?», «Condamnez-vous les propos de Hassan Nasrallah?», «Avez-vous un quelconque contact avec des membres d'Al-Qaïda?», et ça ne s'arrête plus.

La sécurité est de mise, j'en conviens, mais de là à en arriver à un profilage racial aussi radical, je refuse. C'est ridicule. Comme mentionné par la chroniqueuse Rima ElKouri dans un de ses récents articles, on veut voir des monstres: les autorités s'attendent à ce que tout homme de grande taille, aux yeux cernés et à la barbe non rasée soit lié d'une manière ou d'une autre à un groupe terroriste.

Or, ce n'est malheureusement pas le cas et, à ce que je sache, des terroristes d'origine caucasienne ont souvent fait les manchettes de l'Histoire sans qu'on n'en fasse tout un plat.

Je ne dis pas ici qu'on devrait minimiser les actions terroristes, je dis plutôt qu'on devrait agir de la même manière envers un caucasien qu'envers un arabe: une sécurité accrue pour tous, pas pour certains uniquement.

Terrorisme et Islam sont deux mots qui s'opposent complètement: notre Islam n'est pas celui que vous voyez dans les films ou que vous lisez dans les journaux à sensation. L'Islam, le vrai, condamne les actions commises par Al-Qaïda: il ne reconnaît pas ses membres comme musulmans. Ils ne sont pas des musulmans.

De plus, peut-on arrêter d'associer le Hezbollah à Al-Qaïda? En tant que Sud-Libanaise d'origine, je ne peux que m'épouvanter devant une telle association. Contrairement à la légende urbaine qui semble circuler un peu partout en Amérique du Nord, le Hezbollah condamne l'existence et les actions d'Al-Qaïda et n'y est aucunement lié.

Bref, le Hezbollah a d'abord et avant tout été fondé à des fins de résistance contre l'occupation israélienne du Liban, en 1982. Le parti de Dieu a redonné aux Libanais leur indépendance et travaille pour qu'ils la gardent, et ce, depuis le 25 mai 2000. Pour ceux qui suivent l'actualité politique libanaise, Hassan Nasrallah l'a d'ailleurs affirmé à plusieurs reprises: il ne soutient pas Al-Qaïda. Le peuple aime et soutient le Hezbollah: ce dernier oeuvre pour la création d'écoles, d'hôpitaux, de restaurants. Il est le premier employeur au Liban. Tout ce qu'il demande à l'Occident et à Israël, c'est de laisser aux Libanais ce qui appartient aux Libanais.

Si on les accuse de terroristes pour cette raison, alors j'en suis une également, car moi aussi, je refuse qu'on me prenne de force ce qui m'appartient. Moi aussi je refuse qu'on me prenne mon chez-moi.