Depuis son entrée au pouvoir, le gouvernement Marois malmène, par des décisions arbitraires, le principal moteur du développement durable au Québec, Hydro-Québec.

C'est en effet grâce à Hydro-Québec - l'exploitant de notre hydroélectricité - que notre province a le bilan environnemental le plus reluisant en Amérique du Nord. Autrement, nous utiliserions du charbon, de l'uranium ou du gaz naturel pour produire notre électricité. Nos émissions de GES et différents risques environnementaux seraient plus élevées.

Au lieu de protéger ce joyau en renforçant son indépendance et sa marge de manoeuvre, le gouvernement a pris une série de décisions arbitraires qui ne semblent pas se terminer, avec des «allocations» de 700 MW éoliens à venir.

Tout a commencé avec l'annulation de l'augmentation de 1¢/kWh du bloc patrimonial, hausse annoncée par le gouvernement précédent, alors même que des compressions ont lieu et qu'on cherche désespérément des sources de revenu. C'était une première décision arbitraire et irréfléchie - d'un point de vue économique et énergétique.

Pour rattraper en partie le manque à gagner, le ministre des Finances a voulu s'ingérer dans les décisions de la Régie de l'énergie en imposant que les gains d'efficience d'Hydro-Québec soient versés au gouvernement, plutôt que de compter comme une baisse des coûts qui bénéficie aux consommateurs. C'était s'attaquer arbitrairement à l'indépendance de la Régie.

Ensuite, on est revenu sur des projets avancés de petites centrales hydrauliques, sur la base des surplus énergétiques et des coûts élevés. Cette décision serait défendable dans une approche globale de rationalisation de la production énergétique... mais on apprend que le gouvernement compte faire des annonces sur un nouveau bloc de 700 MW éolien!

Or la situation des surplus et des coûts élevés de l'éolien est toujours bien présente. Pire, au lieu de faire des appels d'offres transparents et ouverts à tous, pour faire fonctionner la concurrence, le ministre délégué aux Régions a dit qu'il y aurait plutôt des «allocations», ou ententes de gré à gré, ce qui laisserait l'entière marge discrétionnaire au gouvernement dans le choix des compagnies obtenant ces contrats éoliens.

Alors que le Québec navigue en pleine commission Charbonneau, cette approche en gestion des contrats publics est alarmante. Quelle transparence aurons-nous? Non seulement le Québec n'a ni besoin ni les moyens de cette énergie éolienne à court terme, mais la pire approche serait d'attribuer ces contrats dans l'opacité de l'arbitraire politique.

La nomination de Pierre Karl Péladeau comme président du CA d'Hydro-Québec est un autre exemple de cette série de décisions arbitraires. Sans compétence en énergie ni dans le monde des monopoles publics réglementés, il est très difficile de déchiffrer les raisons de cette nomination.

Le Québec est pourtant aux premières lignes de l'innovation en développement durable, avec un marché du carbone qui inclura le secteur du transport dès 2015. Ce serait le moment idéal pour raffermir le secteur de l'énergie avec plus de transparence, des institutions fortes et indépendantes, et des prix de l'hydroélectricité qui reflètent mieux sa grande valeur.

Le gouvernement Marois semble par contre s'acharner à improviser un grand nombre de décisions arbitraires dans le secteur, alors même que la nouvelle politique énergétique n'est pas connue. Il faut changer de cap.

Le gouvernement Marois est aussi capable de prendre des décisions courageuses: celle de fermer la centrale nucléaire Gentilly. C'est de ce courage et de la transparence dont le Québec a besoin, pas d'un repli sur une gestion «entre amis» du secteur de l'énergie.