Que le citoyen lambda vérifie lui-même, cela ne prend que quelques secondes pour obtenir la liste des 50 plus gros vendeurs de la Société des alcools du Québec, pour la majorité des vins d'environ 15$ et parfois moins chers. Or, on apprenait récemment que la SAQ allait majorer ses achats pour les vins de plus de 25$, et qu'elle allait réduire les achats consacrés aux vins des «petits acheteurs».

Cette stratégie audacieuse a été sans doute le résultat d'une séance de remue-méninges stupéfiante de la part des vice-présidents de la SAQ, ceux dont le même document (qui peut aisément être obtenu sur l'internet) nous divulgue les fabuleux salaires et non moins impressionnants bonus, rémunération qui est, bien sûr - on devrait quand même l'admettre humblement - probablement en deçà de ce que méritent leurs immenses talents.

Cette stratégie n'est pas nouvelle, c'est comme ça que la SAQ fonctionne depuis longtemps, de mémoire subjective, depuis toujours. C'est simple: faire payer davantage les nombreux petits acheteurs, afin que ceux qui peuvent s'offrir mieux paient moins. L'audace, ici, disons plus précisément l'arrogance, c'est d'appliquer encore plus de pression, encore une fois vers le haut pour les moins riches, et vers le bas pour les plus riches, pour voir jusqu'où on peut aller. Offrir moins de vins «cheaps», c'est nous pousser vers les vins plus chers. Un principe mécanique bête, quoi.

Ça ne prend pas des super-managers qui nous coûtent 1 million pour trouver ça, il me semble, et qui en plus ne prennent même pas la peine d'expliquer eux-mêmes leur politique de prix et d'achat devant les médias, préférant envoyer des jeunes femmes terrorisées à avoir à défendre l'indéfendable.

Et même ces vins-là, ceux destinés aux petits acheteurs, sont offerts à un prix exagéré, parce qu'il faut bien qu'on les tire de la poche de quelqu'un, ces fabuleux revenus de la SAQ.

Et il y a des gens pour trouver ça beau, les grandes cathédrales aux bois sombres qu'érige notre magnifique SAQ, démonstrations concrètes du talent de ses grands gestionnaires! J'irais chez Apu, bras dessus bras dessous avec Homer Simpson, et je paierais moins cher.