J'ai lu récemment dans La Presse que les avocats de Luka Rocco Magnotta réclament de nouvelles expertises en psychiatrie dans l'intention de plaider possiblement la «non-responsabilité pour troubles mentaux».

Ne sommes-nous pas sur la même piste tellement controversée qui a conduit Guy Turcotte, celui-là même qui a tué ses deux jeunes enfants à coups de couteau, à la pleine liberté malgré l'horreur de son crime? Voilà que Magnotta pourrait «peut-être» bénéficier de la même grâce de notre système judiciaire si ses avocats obtenaient gain de cause avec le même type de plaidoyer.

Ce qui m'est venu à l'esprit en lisant cette aberration est que la «non-responsabilité» pour troubles mentaux semble directement liée à l'horreur du crime, à son caractère odieux, quasi diabolique, plutôt qu'au crime lui-même...

Si Guy Turcotte avait tué ses deux enfants, lui un médecin, en leur injectant tout simplement une dose mortelle d'un certain produit de façon à ce que ce soit rapide, efficace et sans douleur, je doute fortement que l'on aurait attribué à son crime la notion de «non-responsabilité pour troubles mentaux ponctuels». C'est l'horreur de la manière avec laquelle Guy Turcotte s'y est pris pour tuer ses enfants qui a plaidé (avec un bon avocat) en faveur d'une sorte d'absence temporaire de son état de conscience, tellement le geste apparaissait inconcevable et odieux à l'entendement collectif et judiciaire.

Voilà que l'on veut tenter le même coup avec Magnotta. La même approche que celle utilisée dans l'affaire Turcotte pour sa défense. Peut-être ses avocats réussiront-ils?

Bien que l'affaire Turcotte, qui a révolté le monde entier, soit encore bien fraîche à notre mémoire pour qu'on répète trop facilement la même erreur de justice... car c'en fut une, de l'avis de la majorité silencieuse.

Magnotta a tué et décapité sa victime froidement, selon toute vraisemblance, et dispersé des parties de son corps ici et là. Il faut avoir l'esprit fortement tordu et perturbé pour agir ainsi, c'est vrai! Imaginons cependant qu'aurait tué sa victime simplement d'un coup de fusil. Le crime n'aurait certes pas la même portée dans l'entendement collectif ni dans l'oreille et l'esprit de la justice.

C'est encore «l'odieux» du meurtre dans la manière qu'il a été perpétré qui le rend possiblement «associable psychiatriquement» à un trouble mental ponctuel d'une telle gravité que son auteur en serait jugé «non responsable» et laissé éventuellement libre malgré son crime, comme l'a été le Dr Turcotte.

Est-il nécessaire de s'étendre davantage maintenant sur le message qu'une telle interprétation de ces meurtres odieux, par notre système de justice, laisse aux futurs tueurs et assassins? Je n'ose en dire davantage.