Alors que le Québec se questionne sur son avenir économique, nous vivons actuellement une recrudescence de la polarisation du débat public opposant les enjeux environnementaux aux enjeux économiques. À croire que nous serions incapables de concevoir une vision qui réconcilierait impératifs environnementaux et croissance économique, préoccupations légitimes quant à notre prospérité actuelle et future.

Nous croyons plutôt qu'il serait temps, ensemble, de commencer à imaginer le type d'économie que nous voulons alors que se transforme le contexte économique mondial.  C'est ce que nous avons commencé à faire au sein de l'Alliance pour une économie verte au Québec (SWITCH), sous la forme d'un dialogue ouvert et inclusif.

Notre secteur manufacturier s'est fortement contracté depuis 10 ans en passant de 23,6% à 16,3% du PIB, une diminution de 30%. Alors que stagnent nos partenaires économiques traditionnels, la montée des économies émergentes exerce des pressions sur la compétitivité de nos entreprises, tout en leur ouvrant de gigantesques opportunités économiques. La tendance à la hausse des cours de la plupart des ressources naturelles et énergétiques augmente leurs coûts de production. Et les impacts des changements climatiques et de la dégradation des écosystèmes menacent désormais des pans importants de l'activité économique et les piliers sur lesquels repose la vie sur Terre.

Dans ce contexte, plusieurs de nos grands partenaires économiques travaillent à rendre leur économie plus résiliente et concurrentielle en diminuant les impacts sur l'environnement et en étant plus efficiente dans l'utilisation de l'énergie et des ressources. Le modèle d'une économie verte.

Depuis la crise économique, plus de 522 milliards de dollars ont été investis dans le monde pour développer ce modèle.  De grands partenaires et concurrents économiques du Québec, comme la Californie, l'État de New York, la Chine et l'Europe développent au pas de course les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, les technologies propres, les transports avancés, la chimie verte, et en font profiter les autres secteurs de l'économie.

C'est à notre tour de faire de l'économie québécoise une économie concurrentielle, verte, prospère, résiliente et équitable. Nous croyons que l'adoption d'une telle vision profiterait à l'ensemble de nos entreprises, de nos travailleurs, tous secteurs confondus. Notre économie et nos entreprises peuvent tirer profit de politiques favorisant leur productivité et leur compétitivité sur les marchés mondiaux. Nous disposons d'importants surplus d'énergie renouvelable à faible empreinte carbone. Notre production manufacturière, comme celle de l'aluminium, nécessite l'émission de moins de GES  que celle de nos grands concurrents. Les filières québécoises de l'efficacité énergétique et des matières résiduelles, de la biomasse et de l'hydroélectricité se positionnent déjà favorablement à l'échelle internationale.

Le gouvernement du Québec révise présentement plusieurs grandes politiques dans les domaines de la politique industrielle, de l'énergie, des transports, des changements climatiques, du financement des entreprises et de la recherche et de l'innovation. Ces politiques sont liées les unes aux autres.

Et malgré plusieurs initiatives dans le développement des véhicules électriques, des technologies propres ou du financement des entreprises innovantes, il nous manque toujours cette vision d'ensemble qui nous permettrait de développer des politiques convergentes, auxquels tous pourraient souscrire, gens d'affaires du secteur minier comme des technologies propres, représentants politiques et gouvernementaux et leaders de la société civile.

La polarisation actuelle nous nuit et nous paralyse comme société. Elle nous empêche de repositionner notre économie dans un monde en transition. Pour les initiateurs de SWITCH, il est possible, souhaitable et urgent d'entamer une réflexion visant à diminuer cette polarisation.

L'intégration des principes d'une économie verte constitue un excellent point de départ pour nous permettre de définir l'économie que nous voulons.