J'ai pris connaissance avec intérêt de la récente série d'articles signés Katia Gagnon et consacrés à ce qu'elle a décrit comme des «médiateurs urbains». Ils font ressortir l'importance de bâtir des ponts entre les diverses communautés culturelles et des diverses mesures qui ont été instaurées en consultation avec les gens du milieu. Elles semblent porter leurs fruits, et c'est tant mieux.

Mais là où je m'inscris en faux, c'est quand on se sert de Montréal-Nord pour illustrer tout ce qui va mal. Dans la manchette de première page et en trois articles qui, au total, font tout juste une page, le nom de Montréal-Nord est cité à cinq reprises, et chaque fois, avec une connotation des plus péjoratives.

Comme si ce n'était pas assez de faire l'amalgame «Montréal-Nord = gangs de rue», Montréal-Nord est aussi décrit comme un ghetto!

Certes, il existe d'importantes disparités à Montréal-Nord: trop de familles vivent dans la précarité et leurs conditions socio-économiques doivent être sensiblement améliorées. Ces défis sont de taille et il faut travailler sans relâche à leur trouver une solution. Ces problèmes ne se sont pas manifestés en un jour et les solutions ne viendront pas en un jour non plus, il faut bien le comprendre.

Cela dit, décrire Montréal-Nord comme un amalgame de gangs de rue et un ghetto ne reflète pas la réalité de l'ensemble de l'arrondissement, et nuit à la communauté. De telles affirmations ne servent qu'à perpétuer des préjugés et ne constituent rien de moins que du profilage social - sournois et ô combien malsain! Par exemple, des jeunes de ma circonscription m'ont raconté que lorsqu'ils postulent pour un emploi, ils évitent de dire qu'ils sont de Montréal-Nord!

Dans mon premier discours à l'Assemblée nationale après mon élection en septembre dernier, j'ai expliqué que ma circonscription couvre presque tout l'arrondissement de Montréal-Nord. J'ai affirmé que les Nord-Montréalais sont des gens fiers qui ont le coeur à l'ouvrage et ils forment une grande famille. Je suis honorée maintenant d'en faire partie. On y trouve une pépinière de talents et un réservoir d'énergie extraordinaires. Mais malheureusement, ce n'est pas toujours le message que les médias véhiculent lorsqu'il est question de Montréal-Nord.

Je me suis engagée à être non seulement le porte-étendard des besoins et des préoccupations de mes électeurs, mais aussi de me faire l'écho de leurs réalisations et de leurs bons coups. J'invite donc La Presse à venir à Montréal-Nord voir ce qui se fait de bon. J'invite également tous les médias et tous les leaders d'opinion à ne pas donner dans le profilage social.

Contrer le profilage social doit être une priorité aussi importante que de lutter contre le profilage racial.

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Confrontation



Mme de Santis, je connais bien le quartier Montréal-Nord pour y avoir fait un long reportage en 2008, d'ailleurs récompensé par un prix Judith-Jasmin. On ne peut pas certainement pas nier que la crise majeure qui est survenue dans ce quartier, en particulier dans un secteur dont la population est presque totalement noire ou latino, était justement due à l'attitude de confrontation des policiers du quartier ou d'escouades spécialisées. L'exact contraire de l'approche médiation, qui avait été implantée dans le quartier voisin de Saint-Michel. C'est cet aspect de Montréal-Nord que les intervenants déplorent dans mon article.



- Katia Gagnon