Mon père, James Mahony, est mort de la maladie de Lou Gehrig et quand j'entends le discours prêchi-prêcha du Dr Patrick Vinay, porte-parole du Collectif de médecins du refus médical de l'euthanasie, je me dis qu'ils n'ont rien compris à la compassion et la dignité. Ils subordonnent les désirs des patients à leurs convictions personnelles, mais en ne pouvant pas assurer que tous ceux qui auraient besoin de soins palliatifs y aient accès.

C'est une prise de position désolante de la part d'une partie du corps médical. C'est d'autant plus désolant lorsqu'on lit le rapport sur le Droit de mourir dans la dignité qui, lui, est empreint de compassion pour les mourants et leurs familles.

Les médecins de la coalition veulent le plein accès aux soins palliatifs, ce qui relève de la pensée magique dans le contexte hospitalier actuel. Statistiquement et économiquement, avec le vieillissement de la population et les budgets limités du ministère de la Santé, un plein accès aux soins palliatifs pour tous ceux qui en auraient besoin est impossible.

Des milliers de gens vont mourir dans la douleur et l'agonie ou devront subir les affres d'un système hospitalier qui sapera toute leur dignité, ce qui finira par les tuer, mais encore plus cruellement.

Voici le cas de mon père.

Cinq jours avant sa mort, mon père doit passer un examen en neurologie. Il est confiné à un fauteuil roulant, mais somme toute, sa santé était bonne. En attendant de passer l'examen, il a demandé de l'aide au personnel pour aller aux toilettes. Le temps qu'on trouve un lève-personnes, une personne qualifiée pour l'opérer et le transférer dans une toilette adaptée, il avait déféqué dans son pantalon. On n'a pas offert d'excuses, ni de le changer, ni de linge de rechange. On l'a laissé mijoter. Le rendez-vous a été annulé et il est retourné en transport adapté aux soins palliatifs où il logeait. Une fois arrivé, il a été pris en charge et nettoyé. Il a passé près de trois heures à baigner dans ses excréments. Il a juré à tout le personnel que ça ne se reproduirait plus jamais. Le lendemain, il commençait à éprouver des problèmes respiratoires qui ont empiré jusqu'à ce qu'il meure. S'il avait su qu'un jour on le laisserait baigner dans ses excréments, il se serait flingué avant.

Le Dr Vinay et sa bande préfèrent la quantité à la qualité. Ils veulent étirer la vie jusqu'au dernier souffle, même si elle est misérable tant pour le malade et sa famille. Ce que le patient ressent, ce qu'il vit, ce qu'il veut, n'a pas d'importance à leurs yeux. Ils croient que les patients, dans leur souffrance, n'ont plus toute leur tête et qu'ils ne peuvent pas effectuer un choix éclairé. Pourquoi pousser la souffrance jusqu'à son extrême limite quand ce n'est pas nécessaire et que le patient choisit une autre avenue?

Si certains médecins, pour des raisons morales, de croyance religieuse ou par un attachement fanatique au serment d'Hippocrate, ne veulent pas aider ceux et celles qui veulent mettre fin à leurs jours, grand bien leur fasse, mais il ne faudrait pas empêcher les autres de le faire ou les pousser à le faire dans des conditions moins que convenables.