À chaque rentrée, c'est la même rengaine: le niveau de compétences des étudiants baisse et on doit niveler vers le bas les exigences.

Dans les années 70, les professeurs disaient la même chose: les étudiants des années 60 issus des collèges classiques étaient bien meilleurs, ils possédaient une meilleure formation de base et une excellente culture générale. Pourtant, au début des années 60, le frère Untel déplorait déjà la détérioration de la langue française dans la Belle Province.

Bref, le niveau de connaissances et de compétences des étudiants n'aurait cessé de diminuer depuis plus des 50 ans au Québec.

Toutefois, dans les années 70, les étudiants pouvaient obtenir leur diplôme d'études collégiales sans même écrire un mot en classe. Ils pouvaient payer des secrétaires pour corriger et dactylographier leurs travaux corrigés qu'ils remettaient par la suite à leurs professeurs.

De plus, ils pouvaient choisir quatre cours complémentaires faciles et distrayants pour compléter leur cursus scolaire. Il y avait quatre cours d'éducation physique pour s'aérer l'esprit et entretenir son corps. Les cours de littérature étaient stimulants, originaux et accordaient une large place à la création. Les cours de philosophie n'étaient pas aussi encadrés qu'aujourd'hui. Il n'y avait pas d'épreuve uniforme en français, pas plus que d'épreuve synthèse de programme.

Le niveau baisse-t-il vraiment ou est-ce plutôt les exigences qui ne cessent de monter? Les programmes sont de plus en plus contraignants et pointilleux à un tel point qu'il devient presque impossible pour un étudiant de compléter son parcours dans les délais prescrits.

Les personnes qui confectionnent les programmes localement dans les cégeps se font de la concurrence pour attirer de la clientèle étudiante. On crée des programmes d'élite pour assouvir un besoin maladif de distinction et de reconnaissance. Les programmes préuniversitaires qui devraient ouvrir les perspectives d'études universitaires les contraignent en se spécialisant au niveau collégial.

De leur côté, certains professeurs veulent que leur cours soit le plus complet possible sans égards au parcours des étudiants qui doivent suivre six ou sept autres cours aussi minutieux dans la même session.

C'est ainsi qu'on presse le citron avec de bonnes intentions pédagogiques sans se rendre compte des effets pervers. Le mieux est l'ennemi du bien. Plusieurs professeurs et concepteurs de programme devraient s'inspirer de cet adage afin d'aménager un espace viable et agréable d'apprentissage pour les étudiants et un milieu de vie stimulant, pas épuisant.

Malgré tout, mon expérience professionnelle de réviseur, de rédacteur, de journaliste et de professeur depuis plus de 25 ans me permet de dire que le niveau monte: le niveau des exigences, des contraintes et des contrôles ne cesse en effet d'augmenter.

Les étudiants d'aujourd'hui sont aussi ouverts sur le monde, les arts et la culture que les étudiants des années passées. Ils sont plutôt éveillés en classe, ils interviennent plus souvent, ils sont moins timides et obéissants et ils posent davantage de questions. Pour tout cela, ils sont plus stimulants pour les professeurs. Et je les en remercie.