Nombreux sont ceux qui prédisent l'échec du Sommet sur l'enseignement supérieur. Certains n'y voient qu'un exercice de façade, dont les conclusions seraient déjà écrites. D'autres déplorent qu'on évacue une réflexion en profondeur sur l'avenir de nos universités pour laisser place à l'éternelle empoignade sur les droits de scolarité. Je ne suis pas dupe. Je suis conscient que le débat est mal engagé et qu'une journée et demie de discussion ne réglera pas tout. Mais j'irai tout de même au Sommet.

J'y serai, car je rejette la politique de la chaise vide. L'enjeu de l'enseignement supérieur est trop important pour ne pas prendre part au débat. Surtout si l'on représente la plus grande université du Québec, qui forme le quart de tous ses étudiants universitaires et qui est la plus importante au Québec en recherche.

Mais j'irai au Sommet principalement pour défendre la position de l'Université de Montréal sur les quatre thèmes proposés par le ministère.

Qualité. On parle beaucoup de la création d'un organisme indépendant qui exercerait un contrôle de la qualité des programmes universitaires. Le mot important ici est «indépendant». L'UdeM est favorable à la constitution d'un conseil des universités pourvu qu'un tel organisme ne fasse pas qu'ajouter de nouveaux mécanismes bureaucratiques, mais qu'il représente une réelle plus-value pour le réseau universitaire québécois.

Toutes les études sérieuses démontrent que plus les universités sont autonomes, mieux elles accomplissent leur double mission d'enseignement et de recherche. Ce qui ne nous dispense pas, surtout au sein d'un réseau aussi petit que celui du Québec, d'assurer une coordination interinstitutionnelle et une évaluation commune des programmes. Un conseil des universités devrait en outre avoir le mandat de gérer une banque de données relatives aux différents établissements et d'assurer une veille à l'échelle mondiale afin de permettre au système universitaire québécois d'être à l'avant-garde des développements majeurs en matière d'enseignement supérieur et de recherche.

Accessibilité. Le modèle québécois d'accessibilité aux études est un échec. À l'heure actuelle, les jeunes ontariens de milieux défavorisés sont, en proportion, deux fois plus nombreux à fréquenter l'université que les jeunes québécois. Il y a de nombreuses raisons qui expliquent la sous-représentation des milieux pauvres et géographiquement diversifiés à l'université, mais chose certaine, ce n'est pas en appauvrissant les universités qu'on donne envie aux plus démunis de poursuivre des études.

Gouvernance et financement. Tous s'entendent pour rehausser le financement. La majorité convient qu'il faut hausser les droits de scolarité. Et de plus en plus de personnes estiment qu'il est inéquitable qu'un futur médecin paie les mêmes droits qu'un futur enseignant du primaire. Je pense que nous devrions analyser froidement la modulation des droits de scolarité. Nous sommes les seuls en Amérique du Nord à ne pas différencier les droits en fonction des coûts de formation ou des revenus futurs des étudiants. Cette approche devrait être assortie d'une réforme du soutien financier pour ceux qui en ont véritablement besoin. En fait, tout le programme d'aide financière devrait selon moi être revu, tout comme d'ailleurs la grille tarifaire des étudiants des autres provinces et des étudiants étrangers, qu'ils soient de France ou d'ailleurs.

Le Sommet n'apportera pas toutes les réponses, loin de là. Mais si nous saisissons l'occasion pour offrir aux générations à venir la meilleure formation qui soit, tout ce travail n'aura pas été en vain. Et puis, il y aura une suite à l'exercice des 25 et 26 février. Là encore, je répondrai présent, avec ouverture et détermination, comme, je l'espère, le feront tous les citoyens du Québec.