La semaine dernière, le chef de l'Union africaine, Thomas Boni Yayi, s'est rendu à Ottawa afin de susciter le soutien du Canada à une initiative africaine visant à rétablir l'intégrité territoriale du Mali.

Après le coup d'État perpétré par l'armée malienne en mars 2012, le nord du Mali a été envahi par des groupes armés islamiques, dont Ansar Al-Din et al-Qaïda au Maghreb islamique. Ce dernier est soupçonné d'avoir orchestré le récent assassinat de l'ambassadeur des États-Unis en Libye, Chris Stevens.

Après une rencontre privée avec le premier ministre Stephen Harper, M. Yayi a déclaré que l'Union africaine serait reconnaissante d'un appui de l'OTAN.

Ce serait un euphémisme de dire que le Mali et l'Union africaine tireraient grand profit d'une aide technique et financière extérieure. Malgré tout, M. Harper a annoncé que le Canada ne participerait en aucun cas à une intervention militaire au Mali. À la place, il continuera à collaborer avec ses alliés occidentaux et africains afin de trouver une solution diplomatique au conflit.

Thomas Boni Yayi a averti que la diplomatie ne suffira pas: «Le dialogue avec les forces du mal est futile.» Nous sommes d'accord avec lui.

Le sénateur américain Chris Coons a souligné avec exactitude que le nord du Mali est présentement le plus grand territoire sous l'emprise des extrémistes islamiques dans le monde. On signale que les djihadistes, dont bon nombre sont liés à Al-Shabaab en Somalie et à Boko Haram au Nigéria, commettent de graves violations des droits de l'homme: on ne compte plus les cas de flagellation publique de couples non mariés, d'amputations de personnes accusées de vol, ainsi que de viol et d'emprisonnement de femmes non voilées. L'organisme Human Rights Watch confirme que des enfants ont été recrutés en tant que soldats.

La crise malienne est devenue une catastrophe humanitaire et un sérieux problème de sécurité pour les pays occidentaux. Plus de 400 000 personnes ont fui le nord du Mali, trouvant refuge au sud et dans les pays voisins.

L'Occident doit se rendre à l'évidence: l'armée malienne n'est pas en mesure de faire face à la supériorité militaire que les groupes islamiques sont en train d'accumuler dans le nord. L'opération aérienne de l'OTAN en Libye a malheureusement permis de faire entrer au Mali une quantité d'armes modernes considérable. L'OTAN ne doit pas rejeter cette responsabilité.

Le seul pays européen qui démontre des qualités de meneur est la France en déployant des troupes et des avions de combat au Mali ce week-end. Washington s'est dit inquiet, mais n'a pas publiquement exprimé son intention d'intervenir. Le gouvernement français a néanmoins déclaré que les États-Unis fourniront un appui logistique, tout comme le Royaume-Uni. Seul le Canada reste dans la balance.

Nous ne pouvons pas rester les bras croisés en attendant que le Mali devienne une démocratie parfaite avant de venir en aide à l'Union africaine qui a reçu l'approbation officielle du Conseil de sécurité de l'ONU en décembre dernier. Une politique d'inaction donnerait plus de temps aux groupes extrémistes de renforcer leur défense et de recruter davantage de djihadistes ou, pire encore, de prendre le contrôle du reste du pays.

En 2005, sous la houlette du gouvernement du Canada, tous les pays membres de l'ONU ont souscrit au principe de la «responsabilité de protéger». En endossant ce concept, ils acceptaient d'intervenir lorsqu'un pays est incapable ou refuse de protéger sa population contre des crimes contre l'humanité. Si d'autres pays occidentaux ne se joignent pas à la France, cela permettrait à ces groupes de consolider leurs positions, de perpétrer d'autres atrocités ailleurs en Afrique et d'augmenter leur capacité d'attaquer l'Occident. Cette éventualité devrait inciter plus de pays occidentaux à donner son appui au gouvernement malien au lieu de baisser les bras, laissant ainsi des millions de citoyens en proie à des représailles et des atrocités.