En 2012, le bilan du Canada en matière de droits humains a subi un nombre sans précédent d'examens de la part des experts de l'ONU. Toute cette attention a froissé quelques personnes et suscité des critiques envers l'ONU. Cela doit au contraire être considéré comme l'occasion pour le Canada de prendre ses responsabilités et d'améliorer son bilan.

Les réformes découlant des recommandations issues de ces examens corrigeraient nombre de lacunes qui perdurent au pays en matière de droits humains, particulièrement celles qui concernent les peuples autochtones. De plus, elles s'ajoutent aux recommandations des années précédentes sur des questions importantes telles l'égalité des femmes, la protection des réfugiés, la relation entre l'économie et les droits humains, les problèmes de pauvreté et d'itinérance, les Canadiens en danger à l'étranger et la ratification des traités essentiels pour les droits humains comme celui qui vise la prévention de la torture. Les experts de l'ONU se préoccupent sérieusement des questions de violence contre les femmes autochtones, du droit à l'alimentation, du non-respect de l'interdiction formelle d'expulser des gens vers des pays où ils risquent la torture et du maintien de l'égalité des droits des enfants autochtones. Avec la Haut-commissaire aux droits humains, Mme Navi Pillay, ils exprimaient leur inquiétude au sujet des lois spéciales appliquées au Québec en réponse aux protestations étudiantes massives qui s'y sont déroulées plus tôt cette année.

Les personnes et les communautés affectées attendent la mise en oeuvre de ces réformes qui ont leur importance également sur le plan international. Si le Canada démontre une pratique exemplaire en se conformant aux avis de l'ONU sur les droits humains, son insistance auprès d'autres pays sur la nécessité de faire de même n'en sera que plus crédible.

Toute cette attention ne signifie pas que l'on ait décidé de se liguer contre le Canada; ce n'est qu'une coïncidence. Les opposants, y compris des ministres canadiens, ont dénigré les experts de l'ONU, les accusant de perdre leur temps et de mal fixer leurs priorités; ils ont invité l'ONU à diriger son attention vers d'autres pays, comme la Syrie, où les violations des droits humains sont beaucoup plus sérieuses.

C'est bien certain que les organisations et les experts en droits humains de l'ONU passent beaucoup de temps à rechercher, à analyser, à critiquer et à tenter de convaincre des pays comme la Syrie. Mais là n'est pas la question.

Le système international des droits humains est basé sur le principe fondamental de l'universalité. Les droits humains appartiennent à tout le monde, partout. Et le système des droits humains s'applique à tous les gouvernements, partout.

Lorsqu'un pays dénigre l'examen minutieux de l'ONU sur les droits humains, de quelque façon que ce soit, y compris en suggérant que les problèmes ne sont pas assez sérieux pour mériter son attention, il ouvre la voie à ce que d'autres pays l'imitent. Cela est particulièrement vrai si ce pays est le Canada, perçu comme le champion du système international des droits humains.