J'ai rencontré Michèle Thibodeau-DeGuire pour la première fois à l'École Polytechnique de Montréal alors que j'étudiais en génie électrique. Elle-même diplômée en génie de cette institution, elle faisait un retour aux sources, après deux ans en poste comme déléguée générale du Québec en Nouvelle-Angleterre. À l'époque, Michèle avait la responsabilité de structurer les relations publiques et d'orchestrer la campagne de financement de Polytechnique, baptisée «100 000 pi2». C'était un an avant les événements tragiques du 6 décembre 1989. Puisant dans ses ressources, elle fit preuve d'un leadership et d'une empathie exemplaires pour gérer cette crise humaine sans précédent.

En avril 1991, Michèle quitte Polytechnique et devient présidente et directrice générale de Centraide du Grand Montréal. L'ingénieure en structures, qui avait construit des ponts en béton pendant 20 ans, se trouvait maintenant à ériger des ponts d'entraide entre les gens.

Graduellement, elle a rapproché le monde des affaires et le milieu communautaire, en mobilisant et en rassemblant les gens, en innovant et en développant des projets visant à répondre aux besoins de la communauté.

Sous sa gouverne, les sommes recueillies lors des campagnes Centraide ont plus que doublé. En 1991, le résultat annoncé était de 23 millions alors qu'aujourd'hui, on s'approche du cap des 60 millions de dollars. Les sommes investies dans les organismes ont suivi la courbe de croissance des campagnes, si bien que le réseau de Centraide compte aujourd'hui plus de 370 organismes, ce qui en fait le plus important réseau communautaire de tous les Centraide/United Way au pays.

Grâce à Michèle, Centraide a commencé à soutenir des tables de quartier au milieu des années 90 et a opéré un virage vers le développement des communautés, une orientation qui est toujours au coeur de la stratégie d'investissement de l'organisation. Elle a également encouragé le développement du leadership au sein des organismes communautaires, un leadership très rassembleur, à l'image de celui qu'elle exerce.

Cette femme de coeur a toujours cru en l'importance du rôle des bénévoles pour mener à bien la mission et la vision de Centraide. Les mobiliser, les motiver, les engager à tous les niveaux et reconnaître leur contribution fut l'une de ses priorités. Ils sont plus de 70 000 à oeuvrer au sein de la campagne Centraide, à offrir des services directs à la communauté, à siéger au sein du conseil d'administration et parmi les comités d'allocations qui analysent les demandes et redistribuent les fonds aux organismes. Leur expertise, leur temps et leur énergie valent leur pesant d'or. Ils assurent la gouvernance, la rigueur et la transparence de l'ensemble des processus décisionnels de l'organisation.

Véritable modèle, elle a nourri l'engagement et l'implication d'une multitude de personnes dans le Grand Montréal. Mobiliser sa communauté n'est pas une tâche de tout repos, mais Michèle a su se ressourcer et se renouveler pendant ces 21 années à la tête de Centraide.

Elle peut être fière d'avoir consolidé la position de leader et de rassembleur de Centraide sur les plans philanthropique et social, et ce, tant à l'échelle locale que nationale. C'est pour moi un immense honneur et un privilège de succéder à cette grande Montréalaise qui a tant contribué au mieux-être de notre communauté et de continuer à bâtir sur les fondations solides et durables qu'elle nous lègue.

Au nom de toute l'équipe de Centraide du Grand Montréal, un immense merci Michèle!