Vingt-cinq ans, un quart de siècle. C'est une année charnière. C'est quand être adulte devient une habitude acquise et une attitude adoptée. «L'adul-titude». C'est le départ vers la moitié de la vingtaine qui entraîne généralement le plus de changements. Les choses se mettent en place. La vie s'organise autour d'une carrière, d'une vie de famille bien à soi. C'est la période où on apprend le plus à jongler avec les responsabilités, les horaires, l'ambition et la fameuse conciliation travail-famille.

Une période de la vie qui ressemble souvent plus à un tourbillon qu'à autre chose.

Ma fille Janelle vient de franchir cette étape significative! Elle a tout ce qu'il faut pour le faire. Elle est prête. Ses yeux brillent et elle est en pleine possession de ses moyens et de sa destinée.

En même temps, c'est pour moi aussi une année importante. Je saisis encore mieux le message du temps qui passe. Si ma fille a un quart de siècle, je n'ose même pas penser à ma fraction à moi!

C'est ainsi. La vie me renouvelle encore une fois la mémoire. C'est un TGV! Ces 25 années ont passé à la vitesse de l'éclair. Parce que j'ai vécu le tourbillon moi aussi.

C'est étrange, parce que les étapes sont à peu près les mêmes pour tout le monde, du moins dans les grandes lignes. On vit tous l'euphorie de l'entrée dans le monde des adultes. C'est un nuage qui nous porte pendant une bonne période. Les «premiers» légitimes: le droit de vote, l'accès aux bars, la considération des autres après la période trouble de l'adolescence où on nous regarde un peu avec condescendance en se disant «ils vont vieillir et ils vont comprendre».

Avec l'arrivée de nos 25 ans, le sentiment de maladresse est derrière nous. C'est fait. C'est assumé. C'est intégré. Nous sommes une réalité avec laquelle il faut composer. Non seulement nous avons le droit de voter, mais nous avons le droit d'assumer la différence qu'on fait. À cet âge, nous sommes actifs socialement et professionnellement, nous ne sommes plus perçus comme l'avenir, mais comme le présent. Nous formons légitimement la société.

Et puis il y a la carrière qui prend pas mal de place et la naissance d'un nouveau noyau, notre famille à nous, avec tous les sacrifices que cela implique. Nous «conjuguons» ! Les journées sont trop courtes et trop remplies, la vie sociale passe progressivement à l'arrière-plan parce que «les enfants ont de l'école demain», parce que «ma gardienne n'est pas disponible», parce que «j'ai une réunion importante demain très tôt». Toutes ces raisons sont à l'origine de la perte de vitesse des sorties sociales et aussi des voyages.

Ensuite, il y a cette période dans laquelle je suis. Celle qui nous permet de reprendre plus de liberté et de recommencer à voyager, à réduire le rythme et à apprécier les petites choses. C'est aussi l'arrivée du «demi-siècle». C'est le côté triste. Même si je suis bien. Même si je vais bien. Même si je n'ai tellement pas à me plaindre.

Ma mère disait souvent: «Il n'y a jamais rien de parfait, il y a toujours un coin qui retrousse». Ce n'était même pas fataliste, seulement réaliste. Un constat. Une perspective réelle. Une façon pragmatique de voir les choses. Celle de sa génération. On ne peut jamais tout avoir. Ou le temps, ou l'argent, ou la jeunesse. La vie est ainsi. C'est aussi ce qui rend chaque étape ou événement précieux et particulier.

J'aime ma vie. Je n'ai pas un amour inconditionnel pour mes rides, mais je pense avoir un regard indulgent et honnête sur mon parcours et je suis en harmonie avec qui je suis et ce que j'ai fait.

Vingt-cinq ans, c'est un bel anniversaire. Je me sens fière de cette belle jeune femme qui a fait ses pas un à un, malgré les embûches, et avec de la persévérance. J'ai confiance en sa volonté et sa détermination. Confiance en ses valeurs. Confiance en elle. Je la regarde et je redresse les épaules. Mon tourbillon à moi a tourné autour d'elle pendant ces 25 dernières années. Le jeu en valait la chandelle.