Les gens n'ont aucun respect. Ils sont impolis, mal élevés, ont des mauvaises manières. Ils ne disent pas «bonjour». Ils ne disent pas «merci». Ils ne disent pas «Passez une belle journée!». Un sourire avec ça? Vous pouvez aller vous faire voir!

Que ce soit la caissière à l'épicerie, le chauffeur d'autobus, la vendeuse d'une boutique, la serveuse au restaurant, ils méritent tous respect et politesse lorsqu'on s'adresse à eux. Même si vous venez de vous lever, même s'il pleut, même si vous êtes de mauvaise humeur, même si vos enfants vous tombent sur les nerfs.

Ces gens qui travaillent pour le public doivent rester polis parce que leur travail les en oblige. En retour, les gens qui s'adressent à eux devraient l'être aussi. C'est donnant-donnant. Croyez-moi, il faut parfois faire un effort surhumain pour rester poli et souriant devant un client désagréable.

Il y a ceux qui ne vous regardent pas dans les yeux. Ceux qui ne s'arrêtent pas de discuter lorsque vous vous adressez à eux. Ceux qui vous «garrochent» leur argent, alors que vous leur tendez la main. Ceux qui chialent. Ceux qui vous disent que c'est trop cher, alors que vous n'êtes qu'un commis, que vous n'avez aucun contrôle sur les prix. Ceux qui ne vous disent pas bonjour...

Ces derniers sont les pires. Ils se présentent au comptoir, et sans plus attendre: «Une grosse molle à vanille». «Bonjour monsieur, vous allez bien?». Notez mon ton ironique ici. Ou encore ceux qui ordonnent leur commande: «Tu vas me donner une p'tite au chocolat», «Tu vas me faire une twist trempée».

«Même s'il est évident que je vais exécuter votre commande et vous donner ce que vous me commandez, vous pouvez quand même le demander poliment.» C'est ce que j'aimerais leur répondre.

Vous avez compris que j'ai travaillé dans une crèmerie. Oui, pendant quatre ans. Depuis l'âge de 14 ans, je travaille avec le public et j'ai toujours eu des emplois dans la restauration. Je crois que c'est de là que me vient mon indignation pour le manque de respect. Et de plus en plus, je m'impatiente devant ces gens qui auraient parfois besoin de se le faire dire. Mais je tourne toujours ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler. Et je reste muette devant ces gens impolis et garde en moi mon désespoir.

Cependant, il ne faut pas généraliser. On rencontre parfois des clients ravissants et sympathiques, comme les «habitués de la place», ceux dont on connait la commande par coeur et qui nous font la jasette. Ce sont des clients agréables qui rendent le service à la clientèle plaisant. Ouf, tout n'est pas perdu!

Mettons quelque chose au clair: j'aime mon travail et j'apprécie les gens (en général). Ici, j'ai peut-être l'air de chialer, mais détrompez-vous. Je déplore quelque chose de grave. Je déplore le manque de respect que les gens ont les uns envers les autres.

Je ne suis pas une sainte non plus, j'ai (très) fort probablement (voire assurément) déjà été désagréable envers quelqu'un, quelque part. Ce que je dis, c'est que tout le monde, collectivement, devrait essayer de faire un effort pour être bon envers son prochain.

Depuis quelque temps, je me suis donnée comme but d'être une cliente agréable afin de ne pas susciter d'émotions nuisibles à la personne qui me sert, cette personne qui fait simplement son travail du mieux qu'elle peut.

Je n'ai pas voyagé beaucoup à travers mon Québec national, mais je suis allée plusieurs fois aux Îles-de-la-Madeleine. Les résidants des Îles sont hyper sympathiques. Ce sont des gens passionnés à l'accent charmant. Peut-être ai-je une vision naïve de l'endroit, mais je vois les Îles comme un village où tout le monde se connaît et s'entraide. Ils ont les valeurs à la bonne place, ces Madelinots!

J'ai le sentiment que l'individualisme et la vie urbaine sont la cause de ce manque de respect collectif. Nous vivons dans une société de performance où les gens sont de plus en plus individualistes. Nous sommes occupés, pressés, stressés... Nous vivons en mode accéléré. Par contre, il ne faudrait pas oublier nos valeurs, une en particulier que nos parents et nos grands-parents nous enseignent de génération en génération, peu importe l'époque: le respect.