La crise économique et ses effets semblent s'installer durablement dans nos vies. Nous devons faire de nombreux sacrifices. Chacun devra donc payer sa juste part pour atteindre l'équilibre budgétaire en ces temps difficiles. Cependant, entendre le ministre de l'Industrie, Christian Paradis, marteler que la durée de perception de l'assurance-emploi ne sera plus que de sept semaines horripile les plus dociles d'entre nous.

Il est d'autant plus difficile d'accepter les termes de ce projet de loi quand on sait que chaque travailleur canadien cotise à l'assurance-emploi durant sa vie professionnelle.  Comment comprendre alors qu'en cas de perte d'emploi, chacun de ces travailleurs ne percevra plus de prestations d'assurance-emploi au bout de sept semaines? Est-ce possible de retrouver en moins de deux mois, un nouvel emploi qui permettra de garantir son train de vie, le paiement de son hypothèque sans avoir un carnet d'adresses rempli de chefs d'entreprises, de prestigieux bureaux d'avocats ou de lobbyistes en tout genre? Bien évidemment, cela est impossible pour tous ceux qui ne côtoient pas les grands de ce monde dans les mondanités de la colline parlementaire.

Il importe aussi de se rappeler que la perte d'un emploi est un des événements les plus stressants d'une vie. Elle rime souvent avec une perte de confiance en soi ou quelque fois même une perte de confiance en l'autre. C'est quelque fois perçu comme un acte de trahison d'une organisation à qui l'on croyait avoir tant donné. Tout ça pour dire qu'il faut nécessairement prendre du temps pour soi, pour être à même de passer au travers des entrevues. Car jamais personne ne recrutera un grand déprimé mal coiffé à l'allure douteuse.

Mais voilà, il paraît qu'on n'a pas d'argent. Soit! Faisons donc des compressions budgétaires. Selon l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) entre 2005-06 et 2010-11, les dépenses militaires au Canada ont augmenté de 8 milliards $, soit une hausse de 54,2 %. Eureka! Il suffit donc de baisser les dépenses militaires pour atteindre cet équilibre budgétaire tant recherché. Cela peut sembler naïf, mais voilà au moins une piste de solution.

Pourtant, cela n'est pas à l'ordre du jour. Il semble prioritaire de dépenser des milliards de dollars pour participer à des guerres qui sont les dernières priorités des Canadiens pour satisfaire l'ego ou la virilité de certains.

La réforme de l'assurance-emploi semble donc une nécessité, même si une coupe dans les dépenses militaires ou même son maintien au niveau des années 2000 aura du bon sens.

Beaucoup estiment que cette réforme de l'assurance-emploi ne les touchera pas. Beaucoup croient que cela ne concerne que les emplois saisonniers. Erreur! La majeure partie des Canadiens travaillent dans le secteur privé où la sécurité d'emploi n'est pas véritablement garantie. 10 ans, 15 ans ou même 30 ans d'ancienneté ne comptent pas quand une organisation se lance dans des licenciements massifs. Personne n'est à l'abri et sept semaines de prestations d'assurance-emploi ce n'est pas assez, sauf si l'on veut que tout le monde travaille au salaire minimum après avoir cotisé pendant des années.

C'est  un peu comme si, après avoir contracté une assurance-habitation, votre assureur décidait de manière unilatérale que suite aux dégâts de l'ouragan Sandy, il ne couvrirait vos dommages qu'à hauteur de 100 $ quand votre contrat de base stipule qu'il devrait vous couvrir jusqu'à 10 000 $. Pensez-y !

Finalement, toucher des prestations d'assurance-emploi n'est pas l'aboutissement d'une vie. Avez-vous déjà entendu des gamins vous dire «quand je serai grand, je serais chômeur»? On ne déjeune pas au caviar avec des prestations d'assurance-emploi, car soyez-en sûr, M. Paradis, les prestations d'assurance-emploi, ce n'est pas le paradis!