Le Canada est le produit d'une idée bien simple: celle d'un pays où il est possible pour tous ses citoyens de croire en une meilleure qualité de vie. Nous avons bâti une société dans laquelle la compassion, la diversité et les libertés individuelles sont au coeur de notre citoyenneté. L'une des manifestations de cette citoyenneté est d'offrir à tous les Canadiens des opportunités d'améliorer leurs conditions économiques. Cela est au coeur de l'idéal canadien. Mais il se trouve que cet idéal est maintenant menacé.

Il est vrai qu'en raison de l'entrée en force d'une nouvelle génération de femmes éduquées sur le marché du travail, les revenus moyens des familles ont augmenté. Mais l'affaiblissement de la classe moyenne est un phénomène bien réel qui repose sur un fait indéniable: les revenus individuels des gens qui font partie de la classe moyenne stagnent depuis les dernières décennies. Cela nous amène à nous poser une question que nous devons confronter au plus vite: d'où viendra la prochaine vague de croissance économique?

Il nous faut aussi composer avec des inégalités grandissantes quant à l'écart des revenus. La taille de l'économie canadienne a certes doublé au cours des 30 dernières années, mais nous savons que les bénéfices de cette croissance n'ont pas été partagés également: les plus riches en ont bénéficié davantage. Au même moment, les gens de la classe moyenne ont continué à s'endetter à des taux record et à faire face à un marché immobilier de plus en plus inaccessible, surtout dans les grandes villes telles que Vancouver, Toronto, Calgary et Montréal.

L'État a un rôle important à jouer dans la création de la richesse. Mais le succès économique doit être partagé équitablement, sans quoi il ne faudra pas s'étonner si les gens qui font partie de la classe moyenne remettent en question le système et les valeurs qui sous-tendent cette croissance.

Si je suis élu chef du Parti libéral du Canada, mon parti travaillera sans relâche à mettre en oeuvre des politiques qui favoriseront la croissance économique et qui en assureront une répartition plus large et plus équitable.

Au cours de la dernière année, le NPD a montré ses couleurs en opposant les provinces qui ont une croissance économique à celles qui traversent une période difficile. Les Canadiens ont déjà vu le fruit des politiques qui divisent de la droite. La dernière chose dont nous avons besoin est de voir la gauche reproduire les mêmes divisions.

La politique libérale que je proposerai sera basée sur des faits, et non sur des idéologies. Les problèmes auxquels fait face la classe moyenne sont complexes et ne seront pas résolus par des politiques simplistes. D'abord et avant tout, elles devront être réalistes et abordables.

Il nous faut assurer un plus grand accès à l'éducation postsecondaire - aux universités, aux collèges, aux écoles techniques, et appuyer la création d'emplois en augmentant notre productivité et en stimulant l'innovation. L'accès au marché du travail demeure un enjeu de taille - surtout pour les jeunes. Trop de gens ne peuvent compter que sur un travail à temps partiel, n'ont pas accès à un régime de retraite et gagnent le salaire minimum. Parce que le capital est mobile et notre marché domestique est relativement petit, nous avons besoin d'investissements étrangers pour appuyer la création d'emplois au Canada. Enfin, la classe moyenne doit pouvoir compter sur des programmes sociaux qui lui assureront une sécurité économique et une certaine qualité de vie.

La classe moyenne a été négligée trop longtemps. Il est temps que nous nous y attardions pour le bénéfice économique de tous les Canadiens.