Justin Trudeau proclame que la loi 101 ne doit pas être renforcée. Il a raison.    

Il ajoute que la perte de terrain du français est due à la «crise démographique» et la «dénatalité qu'on vit au Québec». Même si je ne pense pas que l'évolution démographique au Québec constitue une «crise», il a raison sur ce point également.

Ensuite, il semble promettre des jours meilleurs au français parce que les jeunes de sa circonscription, bien que d'origine bengale, indienne ou pakistanaise, lui parlent en français, contrairement à leurs parents coulés dans le moule anglophone depuis leur naissance. Ce type de raisonnement basé sur un échantillon minuscule et géographiquement restreint ne compte pas d'un point de vue statistique. Il a donc tort sur ce point.

Il conclut qu'il n'est pas inquiet. Moi, je pense qu'il devrait l'être. Et vite; s'il aspire à prendre la tête du Parti libéral du Canada, et peut-être assumer le rôle de premier ministre du Canada.

Dans sa réplique à Trudeau, Jean-François Lisée rappelle la chute de l'usage du français, particulièrement sur l'île de Montréal. Ce repli du français est un fait. M. Lisée a raison.

Et même si son argument que «les citoyens québécois sont les plus bilingues en Amérique du Nord» est trop évident, il a aussi raison quand il mentionne le déni de plusieurs à l'égard du recul du français.

Mais là où il a tort, et il n'est pas le seul, c'est dans sa conviction que seule une loi peut faire progresser l'usage du français. Cette stratégie de «forcer» les gens à parler une langue ne peut pas donner de résultats efficaces. Elle est contraignante et déclenche des réactions hostiles.

Même si des remparts doivent être établis pour protéger la langue française au Québec, il faut trouver des moyens plus subtils pour faire venir les unilingues anglophones vers notre langue. Et cette même approche devrait aussi être adoptée pour séduire les allophones pour lesquels l'anglais, bien plus facile à apprendre et à pratiquer, est une tentation évidente.

S'il est un objectif que le Québec devrait se fixer sur ce plan, ce serait de faire aimer le français aux anglophones québécois et aux allophones fraîchement débarqués. Notre langue est belle et nous n'avons pas besoin de matraques pour la propager.

C'est par la séduction que nous réussirons et non par des lois et une police linguistique.