La course présidentielle américaine s'est considérablement resserrée au cours des deux dernières semaines. Parmi les neuf «swing states», la Caroline-du-Nord semble acquise à Mitt Romney, tandis que le Nevada et le Wisconsin paraissent revenir à Obama.

Le choix du prochain président est désormais entre les mains de six États: la Floride, l'Ohio, la Virginie, l'Iowa, le New Hampshire et le Colorado.

La Floride semble pencher vers M. Romney. Nate Silver, blogueur au New York Times, croit que parmi les cinq États qui restent, c'est l'Ohio qui déterminera qui sera le prochain président des États-Unis.

Le principal problème du président Obama, c'est que son adversaire a convaincu les électeurs américains qu'il constituait un bon candidat pour le poste de président. Pendant tout l'été, l'ex-gouverneur Romney a détourné l'attention des sujets sur lesquels sa campagne était axée par son refus de publier plusieurs de ses déclarations de revenus, ses gaffes diplomatiques à Londres et en Pologne et ses diverses tractations au sein de Bain Capital.

L'organisation de Barack Obama a su dépeindre Mitt Romney comme un homme d'affaires riche et déconnecté de la réalité qui ne comprend pas les Américains de la classe moyenne et ne se soucie pas d'eux. Chaque semaine, l'ex-gouverneur a obligeamment donné un coup de main aux démocrates en soulevant des questions qui ne faisaient pas partie de son plan de campagne, lequel était axé exclusivement sur l'économie.

Depuis le premier débat, le 3 octobre, quand tout le monde a conclu que M. Romney avait offert une bonne performance contre M. Obama, le président a perdu son avance dans les sondages, et les deux candidats se sont retrouvés au coude à coude.

Ce n'est pas la première fois qu'on assiste à un tel phénomène. En 1980, Ronald Reagan était perçu comme trop extrémiste pour les Américains jusqu'à ce qu'il monte sur scène aux côtés du président Carter et que, par son style bienveillant, il convainque les téléspectateurs qu'il constituait une alternative plausible à ce dernier.

En 2004, le sénateur John Kerry avait huit points de retard dans les sondages sur le président George W. Bush. Le premier débat présidentiel lui a permis de montrer sa capacité à s'exprimer et de prouver qu'il était un candidat intéressant pour diriger le pays. Il a diminué l'écart à un seul point et, au bout du compte, les élections se sont jouées en Ohio comme cela risque de se produire cette année. Si M. Kerry avait remporté cet État, il serait peut-être en train de terminer son deuxième mandat en tant que 44e président des États-Unis.

Et maintenant, que va-t-il se passer? Depuis le début de la campagne, la carte électorale favorise la réélection de M. Obama. Il est en tête en Iowa et en Ohio, et s'il remporte ces deux États, il devient impossible pour M. Romney de gagner les élections. Barack Obama a de bonnes chances de remporter le New Hampshire et peut-être aussi la Virginie, où la solide campagne pour les élections au Sénat qu'a menée l'ex-gouverneur Tim Kaine pourrait lui être profitable.

Cependant, depuis le premier débat, la course a changé de façon irrémédiable. L'ex-gouverneur Romney a franchi le seuil que tout candidat doit franchir pour posséder une quelconque chance de se faire élire. Est-ce que le peuple américain peut le percevoir comme un président? La question a été réglée le 3 octobre.

Maintenant, la marge entre les deux candidats est très mince. Obama a la meilleure machine pour faire sortir le vote, tandis que la conjoncture est favorable à Mitt Romney. Si l'élection avait lieu aujourd'hui, je prédirais que pour la quatrième fois de l'histoire des États-Unis, et la première depuis 2000, le peuple américain élira un président qui obtient moins de votes populaires que son adversaire, mais davantage de votes électoraux. Et son nom est Barack Obama.