Depuis que le gouvernement a annoncé son intention de fermer la centrale nucléaire Gentilly-2, un débat passionné s'est engagé et les environnementalistes antinucléaires ne perdent pas une occasion de minimiser les avantages et d'insister sur les inconvénients de l'énergie nucléaire.

Dans sa lettre, Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki, déclare que la fermeture de la centrale serait une importante avancée sur le plan environnemental et il a tenté de nier que la fermeture de la centrale nucléaire entraînera une hausse importante des émissions de gaz à effet de serre. Il critique d'ailleurs un article de la journaliste Hélène Baril qui postulait que la fermeture de la centrale nucléaire obligerait Hydro-Québec à faire fonctionner à plein régime la centrale au gaz de TransCanada Energy pour satisfaire la demande de pointe l'hiver.

En fait, le scénario le plus réaliste est très différent de celui que propose M. Mayrand. Dans son document du 2 octobre sur l'état de la situation de Gentilly-2, Hydro-Québec affirme que, dans le cas d'une réfection, la production entière de la centrale, soit 5 TWh/année pendant 28 ans, serait vendue aux Américains. Nous connaissons donc très bien le résultat de la fermeture de la centrale: un déficit important en énergie que les Américains devront compenser en redémarrant une centrale au charbon de la même taille que Gentilly-2.

Ce scénario mènera à une augmentation de la production de CO2 de l'ordre de 4 mégatonnes par année, ce qui est équivalent aux émissions de 1 million d'autos. Les gaz à effet de serre, qu'ils soient produits au Québec ou aux États-Unis, ont exactement le même impact sur le climat de la Terre.

Réfection ou fermeture définitive, Gentilly-2 doit nécessairement cesser de produire de l'électricité fin décembre, selon les termes de son permis d'exploitation. Le permis obtenu pour la réfection l'autorise à décharger l'uranium et l'eau lourde du réacteur. Ces opérations étant les mêmes dans les cas de réfection ou de fermeture définitive, Hydro-Québec va certainement y procéder en 2013. Cependant, Hydro-Québec ne pourra aller de l'avant avec le démantèlement de la centrale que lorsqu'elle aura reçu le permis de déclassement de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, ce qui nécessitera plusieurs années.

La réfection de la centrale de Gentilly permettrait à Hydro-Québec de continuer de produire de l'électricité à un prix raisonnable, comme c'est le cas pour les centrales CANDU déjà renouvelées en Ontario, au Nouveau-Brunswick et en Corée du Sud, tout en contribuant à la réduction des gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. Puisque les centrales CANDU ne polluent pas, la fermeture de Gentilly représentera un important recul au plan environnemental.



Les auteurs réagissent à l'opinion de Karel Mayrand intitulée «Importante avancée sur le plan environnemental», publiée vendredi dernier.