Le champion Lance Armstrong est devenu au fil des ans une icône du cyclisme. Plus que cela, il est aussi devenu un symbole de persévérance et de réussite. Et pour en rajouter un peu, il est aussi devenu l'incarnation même de l'espoir pour des millions de personnes touchées par le cancer. Bref, Lance Armstrong est devenu une fabuleuse multinationale dont la mission première est de récolter des fonds pour combattre le cancer. Malheureusement, il se heurte aujourd'hui à un noeud qui peut sembler avoir des conséquences désastreuses sur son empire. Cependant, la réalité sera tout autre. Il n'y aura que très peu de conséquences pour l'homme et sa fondation, car Armstrong, malgré toutes les fautes dont on le soupçonne, a réussi à se bâtir une image qui va au-delà de celle du champion cycliste: l'image de l'espoir.

Lance Armstrong a beaucoup trop à jouer à admettre ce que la majorité soupçonne, c'est-à-dire qu'il a remporté sept victoires du Tour de France en étant dopé. À ce stade-ci, ce n'est pas non plus une question d'orgueil. C'est une question d'ordre juridique.

Les nombreux contrats qu'il a signés tout au long de sa carrière avec des commanditaires et des organisations sont probablement tous assortis de clauses de protection qui pourraient le ruiner advenant une admission de sa part.

Bien que l'expression «faute avouée est à moitié pardonnée» existe et qu'elle décrive bien l'impact positif d'une telle opération pour l'image personnelle ou corporative, malheureusement elle ne s'applique pas à Lance Armstrong. Celui-ci n'a d'autres choix que de garder le cap et de continuer à dire «qu'il a subi tous les tests possibles et imaginables sans n'être jamais accusé de quoi que ce soit».

Mais qu'importe, Lance Armstrong possède les atouts nécessaires pour continuer à faire fructifier sa fondation.

D'abord, il possède une histoire personnelle qui touchera le plus féroce de ses détracteurs. Toute personne qui aura lu son livre It's not about the bike comprendra que cet homme a côtoyé la mort après avoir été diagnostiqué d'un cancer des testicules avec métastases aux poumons, à l'abdomen et au cerveau. Il est l'incarnation même du mot survivant.

Autre facteur clé, Lance Armstrong pratique l'un des sports où les soupçons de tricherie sont les plus élevés. Et non seulement les soupçons sur le cyclisme sont-ils très élevés, mais le Tour de France qu'il a remporté à sept reprises a vu la majorité de ceux qui ont gravi le podium au cours des dernières années être présumés de dopage ou encore être déchus de leur titre. D'ailleurs, plusieurs analystes le disent: Lance Armstrong, le dopé, a dominé pendant sept ans les plus grands cyclistes dopés de la planète.

Avec ces cartes en main, Lance Armstrong doit continuer et persévérer en utilisant son image de survivant pour faire fructifier la fondation qui porte son nom. Il doit continuer à faire ce qu'il a toujours fait: trouver le moyen de survivre et de gagner.

Est-ce que cette stratégie fera de lui un héros pour le sport et la jeunesse? Non. Mais là n'est pas le but de l'exercice. Lance Armstrong doit ramener l'attention médiatique sur les 500 millions de dollars récoltés par sa fondation et les bienfaits que celle-ci apporte depuis 1997 à des millions de personnes souffrant de cancer. Certains puristes diront qu'il s'agit ici d'une stratégie de relations publiques trop évidente. Mais quand vous incarnez l'espoir comme il le fait si bien, mieux vaut s'en servir pour prolonger l'utilité de l'oeuvre.