«C'tait juste une joke!»

«C'tait juste une joke!»

Le 17 septembre, trois jeunes ont été arrêtés à l'école Jacques-Rousseau à Longueuil, pour avoir eu en leur possession une arme à air comprimé. Toutes les personnes présentes dans l'école ont été confinées pendant plusieurs heures. Cet été, alors que j'étais en vacances chez des amis, deux gars m'ont tirée dans le dos avec une arme à air comprimé, alors que je faisais mon jogging. Je les imagine encore en train de se bidonner de cet acte courageux. Depuis ce temps, je ne peux plus aller travailler. Sortir seule est un défi. Faire du jogging ne m'est possible que dans un endroit qui ressemble à la rue Sainte-Catherine. Le moindre bruit me dérange et avoir des gens derrière moi me fait paniquer.

On ne les a pas retrouvés. Et si ça arrivait, je suis certaine qu'ils diraient: «C'tait juste une joke!» Probablement que c'est la même réponse qui a été donnée par ceux qui ont commis ces actes à Jacques-Rousseau. Je ne sais pas pourquoi on a besoin de faire ce genre de chose; l'instinct du guerrier, le sentiment de toute puissance que ça procure ou encore l'envie de se donner des sensations fortes? Ce que je sais cependant, c'est que les conséquences psychologiques de ces gestes peuvent être dévastatrices pour les personnes qui en sont victimes. Mais «c'tait juste une joke!»

Francine Roy, enseignante, Longueuil

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La déresponsabilisation


Un beau matin, j'attendais l'autobus qui avait plus de 20 minutes de retard. Cette situation est fréquente avec la Société de transport de Laval, sur la ligne 151, à partir du métro Côte-Vertu. Après avoir vu passer six autobus aux numéros différents, qui procédaient au débarquement de leurs passagers, je décide d'intercepter le chauffeur d'un autobus qui était hors service, en l'informant du retard important de sa ligne. Il me répond qu'il n'est pas au courant, qu'il ne peut rien pour moi et il referme la porte en démarrant très rapidement.

Je me suis demandé pourquoi cet employé se déchargeait si rapidement de ma question qui me semblait le concerner, lui étant un chauffeur de la STL et de la même ligne d'autobus que j'attends depuis plusieurs minutes. Ne suis-je pas sa cliente? J'ai dû faire face à cette attitude de déresponsabilisation de la part d'un employé qui devrait pourtant être soucieux de satisfaire une utilisatrice de ses services. Il est frustrant de constater à quel point l'accessibilité des services à la clientèle et la courtoisie ne sont plus prioritaires pour les entreprises. L'expérience que j'ai vécue avec l'employé de la STL n'est malheureusement pas unique, car je constate le même phénomène depuis quelques années au sein de plusieurs organisations et entreprises. Nous sommes trop souvent confrontés à un refus de nous répondre, en prétextant que nous ne nous adressons pas au bon service. Le sentiment qu'il nous reste est que nous sommes seuls avec notre problème, alors que la responsabilité devrait être partagée. J'ai décidé de ne plus me taire face à ce genre de situation. Nous devrions tous dénoncer ce genre d'attitude, d'autant plus que nous payons de plus en plus cher pour des services moins bien rendus.

Martine Leblanc, travailleuse sociale, Montréal

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Une question de sécurité?


Il y a une semaine, j'ai participé pour une troisième fois au demi-marathon de Montréal. Le promoteur de l'événement a justifié l'exigence d'une pièce d'identité pour pouvoir récupérer son dossard, afin d'empêcher les transferts de dossards. La raison qu'il invoque est la sécurité, pour s'assurer que les coureurs portent les bons numéros d'urgence derrière leur dossard en cas d'incident. L'an passé, les participants n'avaient pas besoin de présenter une carte d'identité pour récupérer leur dossard et pouvaient inscrire un numéro en cas d'urgence au dos de celui-ci. S'il s'agissait vraiment de mesures de sécurité, comme les organisateurs veulent le prétendre, ils devraient plutôt prévoir une méthode facile pour modifier la personne à contacter en cas d'urgence dans leur base de données. Dans mon cas, je me suis inscrite au demi-marathon au début de mai et, entre-temps, ma référence en cas d'urgence a décidé de s'inscrire à la course de 10 km du même événement! Elle n'était donc plus disponible pour répondre au téléphone s'il m'arrivait un pépin. Je doute de la réelle efficacité d'un système où les premiers répondants doivent perdre du temps pour contacter l'employé ayant accès à la base de données des numéros à joindre en cas d'urgence, choisis il y a plus de quatre mois, en espérant que les personnes à contacter soient toujours disponibles. Je fais davantage confiance à un numéro d'urgence inscrit la veille au dos du dossard.

Dans une discipline où les blessures sont si fréquentes et dans la mesure où la participation au marathon et au demi-marathon coûte entre 60 et 115$, je trouve que c'est un flagrant manque de respect de la part de Rock n' Roll Marathon Series que d'invoquer des raisons d'exactitude des numéros en cas d'urgence, dont la correction serait facile à effectuer, pour justifier les mesures prises pour empêcher les participants blessés de transférer leur dossard.

Geneviève Galarneau, étudiante, Montréal

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Houston, nous avons un problème!


Le 25 août dernier, mon fils m'apprend que Neil Armstrong est décédé. Ayant 52 ans, j'ai vécu ma jeunesse à l'époque fascinante des missions Apollo. Le prof Lebrun au «canal 10» décrivant les expéditions spatiales. Apollo 8 et ses astronautes nous souhaitant un Joyeux Noël en orbite autour de la Lune. Apollo 11 et les premiers hommes sur la Lune. Apollo 13 et l'attente du retour incertain. Je savais que je vivais des moments marquants de l'histoire de l'humanité. Tant d'émotions, de suspense, de rêves de jeunesse qui sont restés gravés dans ma mémoire. Suis-je le seul à m'étonner du peu d'intérêt ou de réflexion qu'a suscités la mort de Neil Armstrong? Le 25 août dernier, je me disais que le départ de ce héros allait engendrer une vague de sympathie, de témoignages de milliers de gens. Où étaient les cahiers spéciaux dans les journaux? Où étaient les émissions spéciales de télé nous racontant sa vie et nous faisant revivre ces heures magiques de juillet 1969? Au journal télévisé du 25 août dernier, la nouvelle de sa mort fut présentée en mi-bulletin! Je n'en reviens pas, je suis estomaqué. Un des plus grands noms de l'histoire, probablement plus connu sur la planète que Christophe Colomb, Bill Gates et Barack Obama réunis, vient de mourir et c'est tout? Je ne suis pourtant pas historien, mais pourquoi en sommes-nous rendus à banaliser un tel événement? La réponse quant à moi est simple. Voici le genre de nouvelles qui semble plaire davantage au public: le lock-out au hockey, le mariage cet été de deux personnalités connues du milieu artistique québécois, l'élection de Léo Bureau-Blouin, le prix de l'essence, les Nordiques et Québecor, les photos de Kate Middleton. Remarquez que Neil Armstrong, avec toute l'humilité et la discrétion qu'on lui connaissait, n'en aurait pas fait un drame comme moi.

Bernard Dandurand, chirurgien dentiste, Boucherville