Je sens que les esprits s'échauffent au sujet de la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2, à Bécancour. Le principal argument des opposants est la perte de 800 emplois spécialisés et bien rémunérés.

Rappelons-nous l'histoire de l'usine GM de Boisbriand. Tant qu'il y avait un espoir de repartir la production d'automobiles Camaro, les citoyens et la communauté de Boisbriand se battaient pour maintenir l'usine en activité au nom des nombreux emplois bien rémunérés et de l'économie de la région.

Lorsque le premier ministre Bernard Landry est revenu des États-Unis avec une fin de non-recevoir, le discours de la communauté de Boisbriand a changé. Son attitude fermée s'est transformée en une attitude d'ouverture: l'usine va fermer, qu'est-ce qu'on va faire?

Finalement, on y a construit le Faubourg Boisbriand, complexe immobilier de 1700 logements qui rapporte 10 millions de dollars de taxes, soit quatre fois plus que l'ancienne usine GM. Les 1200 travailleurs ont trouvé de l'emploi dans d'autres usines qui se sont implantées dans la région ou dans des commerces; d'autres se sont replacés chez GM en Ontario, ou ont pris leur retraite.

Aujourd'hui, Boisbriand n'a plus l'usine GM, mais elle ne s'en porte pas plus mal. Son économie tourne autrement. Certes, ces employés ont fait le deuil de leur ancien emploi et de leur ancien salaire, ceux de la centrale nucléaire Gentilly-2 suivront ce chemin douloureux également.

Nous sommes privilégiés au Québec de compter sur les services d'Emploi-Québec et de ressources en recherche et développement et 800 travailleurs spécialisés dans l'exploitation d'une centrale nucléaire. La région de Gentilly compte deux atouts non négligeables: le parc industriel et portuaire de Bécancour et l'Université du Québec à Trois-Rivières.

Je lance un appel à Pauline Marois, Pierre Duchesne, Agnès Maltais, Gaétane Désilets, mairesse de Bécancour et Nadia Ghazzali, rectrice de l'UQTR, afin de travailler ensemble pour trouver des opportunités qui tiennent compte des compétences des 800 travailleurs de Gentilly-2. J'offrirais un bilan des compétences à chaque employé de la centrale nucléaire Gentilly-2 afin qu'il mesure son potentiel et se positionne face à son avenir professionnel. Je crois que c'est un investissement qui peut être rentable, puisque c'est en partie avec ces résultats que l'on peut dégager des opportunités réalistes. J'invite également les employés de la centrale nucléaire Gentilly-2 à exprimer leurs idées sur des avenues possibles en lien avec leurs compétences transférables.

J'invite les citoyens, les membres de la communauté et les membres du gouvernement à adopter une attitude ouverte et rationnelle face à la situation. Je ne souhaite pas que le débat s'enlise dans un vase clos «pour ou contre» dominé par la peur ou un quelconque intérêt sous-jacent. Informez-vous adéquatement, regardez la situation dans son ensemble, entendez et soupesez les arguments des uns et des autres, et finalement positionnez-vous en gardant le cap sur le bien commun. Voilà un exercice exigeant et sage, mais nécessaire.

L'annonce de la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 n'est pas le seul cas vécu au Québec d'une fermeture où un contingent important d'employés est mis à pied et où l'usine est un employeur important de l'économie régionale.

Par contre, c'est la première fois que le Québec procédera au démantèlement d'une centrale nucléaire. Ainsi, les employés ne seront pas au chômage d'ici un certain temps. J'invite le gouvernement à interroger d'autres pays qui ont une expérience dans ce domaine (peut-être la France ou le Japon). Le Québec doit se positionner pour savoir si on veut développer une expertise en démantèlement d'une centrale nucléaire ou payer pour cette expertise.