J'ai été profondément attristé en lisant récemment les commentaires de plusieurs de mes concitoyens empressés de blâmer les éditorialistes de quotidiens anglophones pour le tragique attentat de mardi soir.

Il est vrai qu'ils sont nombreux à avoir exprimé leur crainte de tensions culturelles suivant l'élection d'un gouvernement péquiste. Que l'on soit d'accord ou non, ces positions n'ont fait qu'élargir le débat pendant la campagne électorale, exercice très important dans une démocratie qui se veut saine. Pointer le doigt vers ces journalistes est aussi irresponsable qu'il l'aurait été de blâmer les médias nationalistes pour le meurtre de Pierre Laporte il y a presque 42 ans.

Soit dit en passant, en tant qu'étudiant d'une institution anglophone, je peux vous assurer que cette communauté est autant, voire plus dévastée, par la tragédie de mardi soir que toute autre.

Ne tombons pas dans le piège du tueur en nourrissant la haine et l'amertume. Ne nous retournons pas contre nous-mêmes en ces moments de deuil. En cette triste période, nous, peuple québécois, devons pleurer et nous consoler ensemble, que ce soit en anglais ou en français, pour ensuite pouvoir faire grandir et progresser le Québec ensemble. Cet intérêt de voir notre nation s'épanouir, nous l'avons toutes et tous, quelles que soient nos allégeances politiques ou notre langue d'expression.

Je suis d'ailleurs convaincu qu'une telle coopération est possible. J'ai pu témoigner de mes yeux d'une fraternité exemplaire lors du conflit étudiant, où francophones et anglophones ont milité ensemble pour une cause commune - je pense ici surtout, mais pas exclusivement, à l'immense contribution de la Concordia University Television (CUTV), des associations d'étudiants de McGill et du groupe Dawson Persists au mouvement. Je pense que tous peuvent s'inspirer d'une telle coopération et l'appliquer à notre société entière, à un moment où nous en avons particulièrement besoin.

L'heure n'est pas celle de pointer le doigt, d'autant plus que la maladie est probablement la seule responsable de cet attentat. Ce sera à l'un des meilleurs systèmes judiciaires au monde de déterminer cela.

L'heure est plutôt celle de soigner nos cicatrices, et de s'efforcer d'avancer ensemble.