Jean de La Fontaine nous a enseigné que la lenteur soutenue par la persévérance vaut plus que l'agilité nourrie par l'insouciance et les présomptions.

Au moment d'amorcer leur course, les lièvres Charest et Legault ont pour l'un misé sur l'argument de la stabilité et pour l'autre sur ceux du changement et de la nouveauté. Comme la tortue de la fable, Pauline Marois avait quant à elle pris la route depuis longtemps, cachant sous son épaisse carapace une volonté aussi solide que le roc. Rien ne lui servait de courir, il lui fallait simplement partir à point, chose qu'elle a faite comme bien peu de ses collègues et prédécesseurs, en consacrant littéralement sa vie à la politique. Elle récolte aujourd'hui les fruits de son dur labeur, de sa force de caractère et de sa patience.

J'ai été de ceux qui, en janvier dernier, se sont prononcés en faveur du départ de Pauline Marois. J'étais convaincue qu'elle était usée, dépassée, qu'elle nuisait à son parti et qu'il était temps pour elle de tirer sa révérence.

Je me suis trompée.

Envers et contre tous, Pauline Marois est restée, elle a chassé les brebis égarées et rassemblé le reste de son troupeau en solidifiant les fondations de sa bergerie, fragilisées par les tempêtes. Chaussés de ses souliers, plusieurs se seraient roulés en boule dans un coin pour pleurer la fin de leur carrière politique.

Pauline Marois a beau être riche comme Crésus et coincée avec cette image de bourgeoise qui lui colle à la peau, il y a des qualités, des forces et des aptitudes que l'argent ne peut acheter; elle a ainsi prouvé sa résilience, sa persévérance, sa ténacité et sa détermination.

Je suis par ailleurs fière de constater qu'elle a démontré à tout le Québec qu'une femme peut posséder des qualités que l'on croit, souvent et à tort, être l'apanage des hommes. Pauline Marois possède donc de très grandes qualités qui lui confèrent la trempe d'un chef d'État et qui lui serviront certainement dans ses fonctions de première ministre. Au final, elle aura donc franchi le fil d'arrivée en doublant MM. Charest et Legault et elle peut enfin goûter au délicieux élixir de la victoire avec la conviction de n'avoir rien volé à personne.

Il reste que Mme Marois traîne quelques boulets, notamment son plan de souveraineté et son cadre financier, susceptibles d'ébranler la stabilité économique de la province et de rendre hostiles les entreprises privées, créatrices d'emplois et de richesse.

Ces boulets pourraient certes nuire à sa démarche et gêner l'aisance de ses mouvements au cours de son mandat, lequel sera scruté à la loupe autant par ses admirateurs que par ses détracteurs.

Tout reste donc à prouver pour cette «tortue» têtue qui vient de prendre les rênes de notre gouvernement, mais je préfère l'optimisme au cynisme et en ce lendemain d'élections, j'aime croire que tous les espoirs sont permis.