L'industrie minière est sous le feu des critiques au Québec. Le Parti québécois et Québec solidaire dépeignent l'industrie comme étant étrangère, riche, se souciant peu de l'environnement et exploitant les ressources naturelles de la province au détriment des Québécois. Ils réclament des redevances plus élevées, une participation de l'État dans le secteur minier, voire même pour-certains d'entre eux la nationalisation d'une partie de l'industrie.

Pourtant, ces mêmes personnes qui dénoncent l'industrie discutent de la répartition de la manne financière produite par le développement minier dans le nord de la province ! Position éminemment contradictoire, car le fait d'affaiblir l'industrie minière risque d'avoir des conséquences néfastes pour l'économie dans un contexte de mondialisation où une perte de compétitivité conduit inéluctablement à une baisse des investissements.

Il faut éviter de reproduire ce qui s'est passé en Colombie-Britannique dans les années 1990 lorsque le gouvernement a pris des décisions qui ont contribué à créer un climat d'incertitude et une forte dégradation du climat d'investissement. La part de la province dans l'exploration minérale au Canada a chuté de 29,2% en 1990 à 5,7% en 2001 et, 17 ans plus tard, la Colombie-Britannique doit toujours gérer les effets négatifs de cette politique.

Le gouvernement du Québec a lancé en mai 2011 le Plan Nord, une stratégie déployée sur une période de 25 ans dans le but de développer le potentiel en ressources naturelles de l'immense territoire au nord du 49e parallèle. Dans le scénario le plus optimiste, si le prix des métaux ne s'effondre pas et si le gouvernement parvient à surmonter les goulots d'étranglement dans la mise en oeuvre du projet, le Québec pourrait bénéficier d'une activité économique accrue, de recettes fiscales supplémentaires, de nouvelles infrastructures ainsi que de la création d'emplois bien rémunérés dans des régions où les opportunités de développement économique sont limitées.

Jusqu'à récemment, le Québec était considéré par les dirigeants de sociétés minières à travers le monde comme étant la meilleure juridiction au monde pour les investissements. Pourtant, l'incertitude augmente depuis 2010 avec des questions sans réponses en ce qui concerne la révision de la Loi sur les mines, l'éventuel retrait de territoires pour le développement minier dans le nord et la montée du nationalisme des ressources.

Le gouvernement a tenté depuis décembre 2009, sans succès jusqu'à présent, de réécrire la Loi sur les mines. Il a tout d'abord déposé le projet de loi 79, qui n'avait pas été adopté à la fin de la session parlementaire en février 2011, et l'a remplacée par le projet de loi 14, déposé le 12 mai 2011. En accordant à l'article 91 de nouveaux pouvoirs aux municipalités pour contrôler les activités minières, il menace des droits légalement acquis pour explorer et développer des minéraux. La longue saga de la réforme de la Loi sur les mines rend les règles du jeu instables et imprévisibles et c'est un problème si le Québec veut maintenir un environnement propice aux investissements miniers.

Afin de maximiser la probabilité de succès de l'exploration, les mineurs doivent avoir accès à de vastes étendues de terres à haut potentiel minéral, même si seulement un pourcentage infime de cette terre (0,005% au Québec) sera exploité. Le gouvernement du Québec va créer un réseau d'aires protégées dans 20% du territoire du Plan Nord d'ici 2020 et prévoit d'ajouter d'ici 2035 30% de territoire additionnel dans lequel les activités industrielles seront interdites. On ne sait pas si toutes les activités minières, en particulier l'exploration, seront interdites dans les 30% de territoire et ceci risque de dissuader les investissements dans le territoire du Plan Nord.

La montée du nationalisme des ressources introduit un niveau élevé d'incertitude susceptible d'endommager le climat d'investissement. Le Parti québécois réclame des redevances plus élevées et le remplacement du système actuel de prélèvement des droits miniers sur les profits par une redevance ad valorem prélevée sur la valeur brute produite. À ces prélèvements, il faudrait encore ajouter une taxe sur les «profits excessifs». Dans la même veine, le gouvernement a présenté dans son dernier budget son projet peu judicieux de prendre des participations dans des projets miniers.

Les critiques peuvent être constructives. Elles ont contribué à améliorer les pratiques de l'industrie ainsi que le système réglementaire et le régime de redevances du gouvernement. Cependant, des critiques systématiquement négatives et non fondées renforceront la résistance du public à l'exploitation minière et freineront le développement de l'industrie dans la province. Cela aura pour effet de détruire le potentiel du Plan Nord et la manne financière que l'on nous promet.