Ce 28 juillet, nous soulignons la journée mondiale des hépatites virales. Parmi ces hépatites figure l'hépatite C, une maladie transmise exclusivement par contact sanguin qui, depuis son identification à la fin des années 80, a souvent été surnommée « l'hépatite des junkies ».

En effet, l'hépatite C est un virus qui se transmet principalement par partage de matériel de consommation de drogues, que ce soit les seringues souillées ou autre matériel utilisé pour s'injecter des drogues, ou encore les pipes à crack et pailles utilisées pour « sniffer ».

Ce virus peut également se transmettre par toutes procédures qui peuvent impliquer un contact avec le sang, c'est-à-dire les tatouages, les transfusions (avant 1992 au Canada), et le « piercing ». Aussi, certaines pratiques sexuelles à risque élevé peuvent aussi permettre la transmission du virus de l'hépatite C, en raison du risque de lésions et de saignements.

Depuis le milieu des années 90, l'hépatite C peut être traitée et même guérie grâce à un traitement qui s'échelonne sur une durée de six à douze mois. Par ailleurs, les taux de guérison obtenus avec le traitement que nous avions jusqu'à tout récemment ne pouvaient guérir globalement que 50 à 60% des personnes atteintes.

Encore aujourd'hui, un très grand nombre de patients atteints d'hépatite C ignorent qu'il existe un traitement efficace pour guérir cette maladie. Dans le milieu médical, l'éducation se fait peu à peu, tant auprès du personnel médical qu'auprès du personnel infirmier, à savoir que ce virus peut être enrayé grâce au traitement. La stigmatisation reliée à la clientèle touchée contribue à rendre l'accès au traitement, encore aujourd'hui, difficile.

Actuellement, au Canada, il y aurait entre 250 000 et 300 000 cas d'hépatite C active, dont plus du quart qui ignorent leur diagnostic. On évalue la prévalence de l'hépatite C à environ 1% de la population canadienne, et il y a chaque année entre 3200 et 5000 nouvelles personnes qui s'infectent. Malheureusement, seulement 5% à 10% des patients atteints de ce virus ont ou ont eu accès au traitement.

À quand la marche contre l'hépatite C?

À quand la mobilisation des toxicomanes, actifs ou anciens, qui militent afin d'avoir un meilleur accès au traitement de l'hépatite C?

Lorsque l'on sait qu'il existe cinq à sept cas d'hépatite C au Canada pour un cas de VIH, et que cette maladie est traitable et guérissable en moins d'un an, il est grand temps de donner accès au traitement à tous ceux qui en sont porteurs.

Une hépatite C chronique active non traitée peut évoluer dans 20% des cas vers une cirrhose du foie, et même un cancer du foie, dont le seul traitement ultime repose sur la greffe hépatique, souvent difficile d'accès. Lorsqu'une personne est atteinte en plus du VIH (co-infectée), l'hépatite C peut évoluer vers la cirrhose du foie deux à trois fois plus rapidement.

En cette journée mondiale de l'hépatite C, il va sans dire qu'il importe de continuer de transmettre non pas le virus, mais le message en lien avec l'apparition, au cours des cinq prochaines années, de multiples nouveaux traitements pouvant traiter et guérir l'hépatite C avec des taux pouvant atteindre plus de 80% de chances de guérison.

Fait à souligner, au même titre que pour le VIH, la principale façon de prévenir la transmission du virus de l'hépatite C repose sur le traitement de la maladie. Et dans le cas de l'hépatite C, on peut maintenant escompter une guérison chez la très grande majorité des personnes traitées.

Lorsque des personnes ayant utilisé des drogues injectables dans le passé sont atteintes d'hépatite C, même après quinze ans d'abstinence de consommation, elles ont souvent l'impression de traîner le boulet de leur toxicomanie, même ancienne.

Grâce au traitement, et à l'éradication du virus de l'hépatite C, plusieurs de ces personnes finissent par reprendre une vie normale, retournent à l'école, reprennent le marché du travail, fondent une famille... Ils sortent enfin du statut stigmatisant relié à leur passé, celui de la toxicomanie, ce «mal » qui n'a pas de visage ni de statut social et qui pourtant, « étiquette » tous ceux qui en souffrent.

Il existe déjà quelques centres à Montréal, hospitaliers ou cliniques communautaires, qui traitent les patients atteints d'hépatite C.

Vivement l'accès au traitement de l'hépatite C!