Un texte du Blogue de l'édito au sujet du rapport du coroner sur le suicide de Marjorie Raymond a suscité plusieurs commentaires. En voici quelques-uns.

Ça fait aujourd'hui un an que notre fils de 23 ans s'est suicidé. J'aimerais pouvoir dire: «c'est ÇA la cause», mais rien n'est aussi simple. Pour les parents, il est intolérable de vivre le rejet de la vie qu'a décidé notre enfant. On se dit qu'à 23 ans, si on tombe, on se relève et on recommence, non? Alors on se blâme, on blâme l'école, on blâme la copine qui l'a laissé, on jette le blâme sur la drogue, pour finalement se rendre compte que même lui ne savait probablement pas exactement pourquoi il voulait faire ce geste. Seulement que sa vie était trop lourde.

- M.C. Lafontaine

Gardons espoir

Je travaille auprès des jeunes depuis plusieurs années et je peux vous affirmer que l'intimidation est un mal qui mène souvent aux idées suicidaires. Qu'elle soit psychologique ou physique, la violence laisse des marques qui sont souvent difficiles à faire disparaître et quelquefois impossibles à guérir. Il est vrai qu'une personne qui pense au suicide fonce avec son idée et, chez les ados, le passage à l'acte peut être très rapide. Cependant, on peut percevoir beaucoup de signaux et, même s'il est impossible d'obliger quelqu'un à se faire soigner, il faut garder espoir et tenter de trouver la façon la plus appropriée de l'aider. C'est un travail ardu de tenter de raccrocher à la vie une personne qui veut se suicider, mais je vous jure que c'est possible. Par ailleurs, les écoles manquent de personnel qualifié en la matière, ceux-ci couvrent souvent plus d'une école et ne sont donc pas disponibles lorsque survient une urgence.

- Francis Perron

La goutte d'eau

Cette jeune fille avait peut-être de nombreux problèmes, mais l'intimidation dont elle a fait l'objet a sans doute été la goutte d'eau qui a fait déborder un vase déjà fragile. Ses tentatives de suicide ratées étaient des appels à l'aide. Les a-t-on entendus? Il ne faut pas non plus écarter ou banaliser l'intimidation, qui a des effets ravageurs sur certains jeunes.

- Nicholas Ninousky

Détruire la différence

Pendant mes 35 années de carrière en enseignement, j'ai vu beaucoup de jeunes aux prises avec le phénomène d'intimidation. Presque tous les jeunes se mettent de la partie pour détruire celui qui est différent des autres, la plupart des enseignants ferment les yeux et la direction accuse le jeune d'être la cause du problème. Il est tellement plus facile de changer cet élève d'école que de s'attaquer à la masse. Malheureusement, même dans une autre école, le bouche-à-oreille aura fait son travail, la situation se répétera indéfiniment jusqu'à ce que le jeune quitte définitivement l'école ou se suicide. Les parents de tous ces jeunes ont des reproches à se faire. Autant ceux des intimidateurs que ceux du jeune persécuté, qu'on a oublié d'outiller pour affronter la société. Aussi, la société en entier est responsable des problèmes d'intimidation et ceux qui refusent d'accepter leur part de responsabilité jouent la politique de l'autruche.

- F. Vézina

Une loi oubliée?

Je ne comprends pas que Marjorie, qui présentait autant de difficultés clairement identifiées au cours des années précédant son suicide, et qui avait même fait des tentatives de suicide, ait échappé au système de protection de l'enfance. Je me demande même si une enquête publique ne serait pas nécessaire dans ce cas.

- André Félix Delisle