Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre, dans un article intitulé «Procréation assistée: la gratuité coûte cher aux hôpitaux» (La Presse, 18 juin), qu'en mars dernier, dans son budget, le ministère de la Santé et des Services sociaux confirme son intention de financer ce programme avec la «taxe santé» de 200 $ imposée à tous les contribuables.

Que comprendre d'une telle décision lorsque, selon les données de la Société canadienne de fertilité et d'andrologie, le taux de 27% des grossesses multiples a diminué à un taux de 3,4% au Québec et que cette baisse finance à elle seule le programme, d'après les spécialistes ? Modalité de financement: cherchez l'erreur!

Surprise, je n'aurais pas dû l'être. Ayant été une trentaine d'années gestionnaire dans le réseau de la santé, je suis à même de constater comment s'établit, au niveau stratégique, le choix des priorités en matière d'organisation et de prestation des soins et services, et leur financement. J'ai été plus d'une fois outrée par les orientations imposées par le Ministère qui, trop souvent, font écho aux décibels de groupes de pression ou de lobby plutôt qu'aux besoins réels de la population.

Cette fois-ci, quand je lis que la taxe santé qui me sera prélevée ne servira pas à couvrir les soins et services de base en santé requis par une population vieillissante à qui, trop souvent, on fait porter le fardeau de l'affluence dans les urgences, là c'en est trop. Lorsqu'on entend que le réseau de la santé est un panier sans fond en matière de dépenses publiques, là aussi c'en est trop: il faut d'abord se demander où et comment cet argent est dépensé.

Et pendant ce temps, mon ami Fortunat, âgé de 91 ans, est en fin de vie à son domicile, soutenu courageusement par sa conjointe, ses enfants et des bénévoles de la communauté qui viennent compléter des services que le réseau de première ligne est incapable d'offrir, faute de ressources.

Cherchez l'erreur!