Le Québec ne dégagera jamais assez d'espace fiscal pour faire avancer la nation dans des projets mobilisateurs et innovateurs s'il doit constamment répondre à toutes les requêtes d'une minorité d'hédonistes de tous âges, tapageurs et immatures, peu versés en arithmétique et qui, pour beaucoup, n'ont même pas assez d'autodiscipline pour assurer, d'une part, leur propre survie économique (leur retraite) et, d'autre part, celle de leur société en se prémunissant contre les assauts mondiaux à venir.

Cinquante ans d'État providence auront généré une mentalité nombriliste où on s'imagine naïvement que le gouvernement est une entité extrinsèque pourvoyeuse de services ayant pour devoir de subvenir à nos besoins fondamentaux, un privilège qui nous reviendrait de droit, une dispense au devoir de penser et d'agir par soi-même («entitlement»).

Ce choix en faveur du déplacement de la responsabilité personnelle vers un espace collectif géré par d'autres facilite l'irruption périodique d'indignation et d'outrage quand la mission ne serait pas remplie comme on le voudrait. Dans un tel concept d'État providence, le gouvernement et des ministres résistant aux demandes des lobbies sociaux agiraient en mauvais pères de famille puisqu'ils frustreraient des demandes socialement justes, mais économiquement irresponsables. C'est la route vers la crise grecque que tout l'Occident a plus ou moins prise. Nous ne sommes pas les seuls.

Le Québec n'est pas la Syrie. Personne ne meurt de faim chez nous, ni ne meurt pour la liberté de manifester. Une fois les besoins vitaux assurés dans notre société, les économies de l'État devraient être dirigées vers sa sécurité financière et son développement national et international plutôt que dilapidées à entretenir l'hédonisme de ses citoyens.

Avec sa démographie en chute libre au Canada et les défis mondiaux qui l'attendent, c'est la maturité de la société québécoise qui fera foi de tout, de son épanouissement ou de sa disparition dans le melting-pot nord-américain.