L'accessibilité et l'amélioration des soins palliatifs sont certes une clef de voûte et un incontournable pour mourir dans la dignité.

Je salue cette contribution de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. Mais on oublie de dire que les opiacés font le travail depuis des lunes lorsqu'il s'agit de maladie grave et incurable  et que la personne éprouve des  souffrances physiques ou psychologiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu'elle juge tolérables. (Recommandation 13)

Quant à la «déchéance avancée de ses capacités, sans aucune perspective d'amélioration», on traite du handicap sans le dire.  Ces personnes en perte d'autonomie sont protégées par la loi, notamment les chartes. Ne veut-on pas indirectement traiter des coûts liés à la perte de mobilité donc aux handicaps? Ne veut-on pas s'attaquer aux droits constitutionnels des personnes les plus vulnérables dans notre société sans alléguer directement l'épineuse et délicate question des coûts sociaux?

Je le dis et je le répète, les opiacés traitent la douleur jusqu'à ses extrémités. Les vétérans des grandes guerres, et ceux des moins nobles, qui ont vu leurs camarades mourir à leur côté connaissent bien l'utilité de ces pipettes qui terminent la douleur sans tuer. On peut vous amputer les quatre membres et vous ne sentirez rien.

L'emphase de ce rapport sur la douleur intolérable sonne faux. Si on avait véritablement voulu traiter la question de la fin de vie, on aurait dû traiter de mobilité et de handicap. Sur le plan juridique et politique, cela aurait été inacceptable et scandaleux en plus d'être manifestement illégal. Aucun politique ne veut être associé à l'Allemagne hitlérienne!

Mais dans ce cas-ci, on a procédé subtilement. Par exemple, lorsque le rapport mentionne la «déchéance irréversible» dans ses recommandations, on traite de handicap! On essaie de faire indirectement, ce que nos lois, nommément le Code criminel et notre Constitution, prohibent directement.

Dommage que des experts, médecins et juristes principalement, tiennent un discours aussi cruel envers ceux et celles que les familles ont souventes fois abandonné dans les CHSLD.

Aussi, peut-on parler de «consentement libre et éclairé» d'une personne malade, handicapée ou vieillissante qui est abandonnée par sa famille dans un lieu public? C'est un désespoir et une tristesse provoqués. Qui ne voudrait pas mourir? Quand on vous aime pour l'héritage ou qu'on vous visite une fois par année, ou par accident, et qu'on est cloué dans un fauteuil roulant, qui ne voudrait pas mourir? Consentement libre et éclairé? Ouais!

Quant au médecin indépendant qui supervisera l'opération de fin de vie, la crise récente autour du traitement Zamboni dans les dossiers de personnes atteintes de sclérose en plaques, nous a montré un autre visage du corps médical. Des spécialistes se transforment eux-mêmes en représentants de commerce pour les grandes sociétés pharmaceutiques dans le but avoué de participer à des congrès tout payé et clés en mains, ou bénéficier d'avantages de toutes sortes, des Vincent Lacroix de la science, sans mentionner leurs faramineux honoraires payés par l'état.

On devrait leur confier notre vie, vous dites? Ouais!

La problématique soulevée par cette commission vise davantage notre attitude face aux personnes handicapées et le rôle de la famille, ou de ce qui en reste, auprès des siens. Quand les questions d'argent supputent tout le reste, on aboutit inexorablement à ce genre de rapport : malades incurables et handicapés vont se sentir encore moins désirés, un fardeau pour la communauté et des familles en crise perpétuelle. Ce rapport constitue en soi une incitation à se donner la mort, une invitation claire et nette! Ouais!