Les policiers disposent de pouvoirs spéciaux destinés à leur permettre d'assurer la sécurité des citoyens. Ces pouvoirs spéciaux sont assortis d'attentes quant au professionnalisme, à l'éthique et à la responsabilisation des policiers.

Bien que les actes contraires à l'éthique soient rares chez les policiers, ils peuvent prendre diverses formes, y compris l'utilisation d'une force excessive.

Au sujet des événements qui ont mené au décès par balle du sans-abri Farshad Mohammadi, il est évident que les deux policiers ont usé de force excessive. La question que tout le monde se pose: avaient-ils la légitimité pour recourir, dans ces circonstances, à cette force excessive?

Le sociologue français Fabien Jobard nous rappelle qu'il existe au sein de notre monde social ordinaire un espace social spécifique, dans lequel la décision policière a valeur de décision souveraine, et où les individus qui s'y trouvent ont une chance non négociable d'être l'objet d'un mode ancien d'exercice de la souveraineté, qui est l'atteinte au corps.

L'obligation du recours à la force est donc en soi un modèle d'action rétrograde, mais qui demeure malheureusement indispensable dans certaines situations. Cependant, le recours à la force doit avoir comme seul et unique objectif le rétablissement de la paix dans une situation précise, avec un but précis: obtenir un arrêt d'agir immédiat lorsque la vie ou la sécurité de citoyens est en danger.

Dans le cas de la mort de M. Mohammadi, les policiers étaient légitimés d'employer une force excessive. Pourquoi? Un individu circule dans le métro, et porte sur lui un exacto. Je ne connais pas beaucoup d'usagers du métro qui se promènent dans un service de transport public avec un tel objet! Mais personne ne le savait, ni les usagers du métro ni les policiers.

Pour une raison non encore établie, les policiers l'interpellent - et je l'espère avec un motif, sinon, ils sont fautifs, car nous ne pouvons pas à tout hasard laisser nos policiers brimer notre libre choix de circuler dans un endroit public. Dans le présent cas, des témoins affirment que l'individu semblait louche (plusieurs individus se promènent dans la ville ou le métro avec des comportements louches tous les jours et, à ce que je sache, les policiers ne tirent pas sur eux).

Après avoir été interpellé comme tout autre citoyen, il refuse malheureusement tout dialogue. Par la suite, il résiste à son arrestation, puis attaque un des policiers avec un exacto et tente de le frapper au visage et au cou. S'il touche une partie vitale, il peut tuer le policier ou le blesser gravement pour le reste de ses jours. Les policiers se sont protégés, car à cet instant même, leur vie était en danger. S'ils n'interviennent pas, et que la personne malade agresse une autre personne après le signalement d'un individu louche, que dira la population?

L'enquête journalistique démontre que M. Mohammadi était un homme malade psychologiquement, que la Mission Old Brewery l'avait expulsé en 2008 pour un épisode de violence et qu'il était récemment sorti de l'hôpital. Est-ce la faute des policiers? Si les deux policiers avaient pu prendre un autre moyen, ils l'auraient fait. Et ils devront assumer les conséquences de leur comportement s'ils étaient fautifs.