La question du transport dans la région de Montréal a été sur toutes les lèvres cet été. Parmi les revendications, revient la demande suivante: un meilleur réseau de transports collectifs.

Or, la région métropolitaine de Montréal et ses diverses composantes s'apprêtent à entreprendre une série de consultations sur la proposition de Plan métropolitain d'aménagement et de développement de Montréal. L'une des idées maîtresses de cette proposition repose sur le mot-clé de densification. En résumé, il s'agit de planifier à l'avenir les projets d'aménagement et de développement immobilier en fonction d'une offre intégrée de transports collectifs.

Mais on ne semble pas avoir fait l'exercice inverse, soit de planifier l'expansion des transports collectifs en fonction de la densité existante. Si on consulte le plan stratégique 2020 de la STM, on apprend que la priorité numéro 1 (sur 22) cible la rénovation et la prolongation du réseau du métro. Or, au cours des 10 prochaines années, le prolongement du métro se fera en direction d'Anjou, de Longueuil et de Laval. Rien d'autre n'est prévu.

C'est à se demander si les dirigeants et les planificateurs de la STM ont déjà traversé le boulevard Décarie... vers l'ouest. Ils auraient alors découvert une forte densité de population résidant dans des immeubles à logements de plusieurs étages dans les rues Sherbrooke et Côte-St-Luc, dans le secteur du boulevard Cavendish et jusqu'à Montréal-Ouest. La population de ce secteur particulièrement dense et en périphérie des quartiers centraux est très mal servie par des autobus qui circulent à une fréquence désespérément lente, qui sont généralement bondés et qui doivent zigzaguer dans les quartiers desservis, faisant ainsi perdre aux usagers un temps précieux en déplacement et incitant certainement à l'usage accru de l'automobile.

Comment la STM justifie-t-elle ce choix de prioriser des zones faiblement peuplées de l'est et des couronnes nord et sud pour le développement du réseau du métro sans tenir compte des zones denses du centre-ouest de Montréal? Où est la logique de ces choix à long terme? S'agit-il d'une mesure punitive envers les «villes défusionnées» ? De discrimination envers une population dont la composition ethnolinguistique diffère de celle de la majorité? Ou encore du manque habituel de cohésion entre les diverses instances de planification et de décision dans l'île de Montréal?

Montréal a traditionnellement été divisée, sur le plan de l'appartenance entre l'est et l'ouest. On aurait pu croire qu'au XXIe siècle, cette division aurait été chose du passé et que les contribuables auraient désormais droit à des services uniformes. Il semble malheureusement que ce ne soit pas le cas.