Dans le cadre du dévoilement ce matin d'un sondage CROP sur la cyberintimidation en milieu scolaire, nous publions deux témoignages de parents d'enfants victimes de ce fléau et l'opinion d'un sociologue qui suggère une piste de solution.

Il y a un énorme travail de sensibilisation à faire auprès des directions d'école, des enseignants, des parents et des intimidateurs pour qu'ils réalisent les graves séquelles de l'intimidation sur un enfant. Un reportage de La Presse évoquait récemment de possibles effets sur le cerveau, mais il y en a beaucoup d'autres.

Pour notre fils qui a été pendant des années victime d'intimidation durant son primaire, c'est la peur, tenace, de s'engager dans une relation d'amitié et de confiance avec les jeunes de son âge. Sa réaction première est de se protéger et de se méfier. À 13 ans, quelle belle façon d'entrer dans son adolescence! Ni le temps ni l'aide précieuse et attentionnée de psychothérapeutes consultés à nos frais, n'ont encore réussi à guérir ses plaies.

Nous avons dénoncé la situation à un porte-parole de la Commission scolaire de Montréal à la fin du primaire de notre fils. Nous n'avons pas même reçu l'ombre d'une excuse pour avoir aussi négligemment géré la situation, malgré nos nombreuses alertes. Pas la plus petite expression de regret pour ce qui s'est passé. Pas un mot sur le suivi qui serait fait et sur les actions prises par la suite (y en a-t-il eu?) pour éviter que d'autres enfants ne vivent la même situation dans leur école. Attitude un peu indélicate et désinvolte, non, à l'égard des victimes et de leur famille (car dans un tel cas, la famille tout entière est touchée)?

Et ce genre de situation n'a rien à voir avec l'indice de défavorisation des écoles. Notre fils allait dans un établissement bien coté d'un milieu aisé.

L'intimidation laisse toujours des séquelles. Plus ou moins sérieuses. Plus ou moins visibles. Aucun enfant, alors qu'il construit son identité, ne sort indemne d'avoir subi de la violence physique et psychologique à répétition, et qui plus est, sans avoir reçu la protection attendue des adultes autour.

Les professionnels de l'éducation doivent mener une lutte contre la violence beaucoup plus... agressive et ne pas la banaliser. Une seule voie a fait ses preuves: appliquer une véritable politique de tolérance zéro et faire de la prévention, dès la maternelle... Oui, ça prend du temps et de l'énergie (et de l'argent), mais ça en gruge tout autant quand il faut corriger une problématique de violence déjà bien ancrée dans un milieu.

En plus d'être un lieu où il fait bon apprendre, l'école doit être un lieu où il fait bon vivre... en toute sécurité.