Lorsque j'étais sur les bancs d'école (sept années de primaire autrefois), j'ai eu des professeurs excellents, de moins bons et des pourris, féminins et masculins. Je sais en moi que les pourris ne m'ont pas démoli tant que ça, alors que les excellents m'ont aidé à me bâtir.

Le rôle des mauvais professeurs est moins grand qu'on pourrait le croire: ils ne laisseront que de mauvais souvenirs. Les bons compensent plus que largement, et il suffit d'un pour qu'un enfant ressente et cultive ses propres forces.

Par contre, il faut admettre que l'esprit général qui règne dans une école est le terreau qui fait que «ça» prend, ou «ça» ne prend pas. Si un enfant est incapable de se sentir à sa place d'une façon ou l'autre, le problème est grave. Ce qui compte au départ, ce n'est pas d'apprendre mais d'aimer apprendre. Le reste suivra... en autant qu'il y a quelque chose à apprendre. Je ne veux pas entrer dans le débat sur la Réforme mais admettons que noter un enfant sur ses aptitudes au lieu des acquis est stupide.

Je parle au sujet de l'école primaire. C'est là qu'il faut regarder, c'est là que l'enfant apprend à aimer ou détester apprendre.

Selon moi, la question d'avoir plus ou moins de professeurs mâles est moins importante que le climat général dans le milieu. Or le climat actuel est carrément féminin.

Depuis des millénaires seul le développement des mâles comptait dans les institutions. On y préparait les filles à faire tout, sauf décider, et les mâles à assumer leur rôle de chef et à s'insérer dans le monde de la production. Maintenant, ce n'est pas le contraire, tout de même! On forme tous les enfants à être productifs et à bien fonctionner... quant à décider, pourquoi ? Il suffit de dire que personne ne doit écraser les orteils des autres, voilà. Rentrez dans le rang!

Les gars et les filles ne se développent pas de la même façon, c'est évident. Ils raisonnent différemment dès l'âge de trois ans et peut-être avant. Ils n'ont pas les mêmes jeux, n'y jouent pas de la même façon, n'apprennent pas les mots dans le même ordre, mangent autrement et même mentent autrement, je l'ai vu chez moi et chez d'autres parents. Est-ce dû uniquement à l'éducation ? Possible, mais ça m'étonnerait puisque c'est généralisé, sans dire que ça englobe tous les enfants. Il y a des exceptions.

Je crois qu'un bilan est possible maintenant, après 50 ans d'efforts pour aplanir ces différences dans notre petit monde.

Puisque le déroulement général dans nos écoles primaires suit le rythme des filles bien plus que celui des gars (oh! Certains éducateurs vont lever la crête!), il faut en finir avec la mixité. Classes de gars, classes de filles. Une école peut bien avoir des deux sexes, mais pas une classe. Le professeur, quel qu'il soit, ajustera son enseignement à ce qu'il voit et ressent, et les mêmes valeurs finiront pas passer, mais par des moyens mieux orientés.

D'accord, plus de mâles dans le personnel pourra aider à changer le climat mais moins qu'on le croirait parce que de toute façon chaque professeur s'identifie à son groupe. Une dame qui enseigne à des gars apprendra vite à les respecter, les aimer et les fournir en intérêts. Elle les défendra dans les discussions du midi durant le lunch, pour sur. Un homme qui enseigne à des filles aiderait aussi à briser certains préjugés. Quant au modèle masculin, les enfants l'ont déjà en eux bien avant d'arriver en classe. En clair, oui plus de professeurs mâles, mais on peut faire avec ce qu'on a en attendant.

Le changement sur le décrochage sera assurément notable mais pas entier. Moins de gars décrocheront parce qu'ils se sentiront plus dans leur élément. Les plus brillants auront toujours de bonnes notes, les plus faibles auront toujours des problèmes, mais le résultat global sera positif, aucun doute. Je ne crois pas qu'il y aura une grande différence chez les filles, quoique...

Toute société a ses marginaux. Je dirais même qu'elle en a besoin pour fonctionner. Y en aura-t-il moins ? Je n'en suis pas sûr, mais il me semble clair qu'au pire ils seront mieux répartis entre les deux sexes, et que même dans ce cas un moins grand nombre décrochera parce que chaque enfant se sentira plus à l'aise dans une classe, que ce soit pour réussir en maths ou jouer dans la cour. Une plus grande unité se crée forcément ainsi.

Notre monde a besoin des marginaux pour évoluer, pour se remettre en question, pour ces quelques instants de génie qui habitent chacun. Actuellement les gars partent avec un handicap au départ, qui est structurel. Ils comprennent tout de suite qu'ils ne sont pas à leur place. Peut-on croire qu'ils la trouveront plus tard s'ils ne savent même pas comment ?

Le coût lié est une question de transport : dans certaines écoles, chaque niveau ne comprend qu'une classe, et donc certains devraient voyager un peu plus pour se rendre à son école. Il me semble que c'est bien peu pour beaucoup.

Je ne parle ici que de primaire. Au secondaire, il me semble que les difficultés liées à la différence s'estompent et même que la mixité y est souhaitable.