Le taux de vaccination contre la grippe A(H1N1) sera probablement supérieur au taux de participation aux élections municipales à Montréal. Dans l'état actuel des choses, on ne s'étonnera pas que les Montréalais tiennent plus à leur santé qu'à leur démocratie. Cette dernière est fort mal en point. Le constat est navrant: le niveau de confiance dans les politiciens est inversement proportionnel au taux de cynisme de la population.

Toutefois, en matière de cynisme, il y en a qui sont plus atteints que d'autres! Il en est ainsi de Benoit Labonté. Il a omis de porter le masque, il a toussé, il a éternué et aujourd'hui, il blâme tout le monde d'avoir la grippe. A-t-il voulu s'acheter une conscience en cédant la première place de son parti à Louise Harel? On aura compris que pour se poser en victime, il juge nécessaire d'affirmer que tous les autres sont coupables! Le comportement de Benoit Labonté aura, au final, contribué à nourrir le cynisme ambiant comme peu d'événements l'ont fait jusqu'à présent.

Pourtant, pour une poignée de Labonté qui avouent eux-mêmes avoir pris quelques licences avec l'éthique ou les règles en vigueur, combien trouve-t-on de citoyens honnêtes qui s'engagent en politique avec idéalisme et désintéressement? La plupart d'entre eux renoncent à la quiétude d'une vie privée, d'une vie de famille, d'une vie professionnelle, ou encore d'un revenu plus élevé pour se dévouer au service de leurs concitoyens. La plupart des élus acceptent des responsabilités pour lesquelles ils récoltent pas mal plus d'ingratitude que de reconnaissance.

C'est pourquoi les gestes répréhensibles dévoilés par les médias ou les cas d'allégations de collusion ou de corruption qui font les manchettes exigent sans doute qu'on aille au fond des choses, mais ne justifient nullement qu'on condamne ou qu'on suspecte par association toute la classe politique.

Il y a probablement de mauvais politiciens comme il y a de mauvais citoyens. Des gens qui pensent qu'ils sont au-dessus des lois, des gens qui croient que ces mêmes lois sont faites pour les autres, qui ne paient pas leurs impôts ou leurs taxes. Mais de là à dire, tous pareils, tous pourris, il y a une marge. La très grande majorité des politiciens, comme la très grande majorité des citoyens respectent les lois. Si ces lois sont transgressées, nos institutions disposent des verrous nécessaires pour empêcher qu'elles puissent l'être à nouveau.

Dans le contexte actuel, de nombreux citoyens s'apprêtent à bouder le scrutin du 1er novembre. Ils donneront ainsi raison à cet entrepreneur de Boisbriand, épinglé par l'émission Enquête de Radio-Canada et qui souhaitait convaincre l'opposition de renoncer à une élection. Voilà au contraire une raison supplémentaire pour aller voter

Ne pas voter n'est pas un geste innocent. Ne pas voter, c'est affirmer que rien ne peut changer. C'est tout simplement remettre en question le modèle de démocratie sur lequel la vie en société est fondée. Le cynisme et le sarcasme ne doivent pas se substituer au droit et au devoir de participer à la vie démocratique, ne serait-ce que pour aller faire une croix sur son bulletin et le poser dans l'urne.

Moins il y aura d'électeurs, moins les pouvoirs politiques auront le mandat et la force nécessaires pour combattre la corruption. Si le combat contre la corruption exige de plus grands efforts et une plus grande vigilance de la part de nos gouvernements, la lutte contre le cynisme passe par une plus grande participation des citoyens au processus démocratique.

L'auteur est consultant en communication, conseiller ad hoc du gouvernement de Jean Charest et membre de l'Idée fédérale.