Encore une fois, nous sommes plongés dans un débat émotif entourant le port du niqab par une femme musulmane, une histoire qui mobilise l'attention de toutes les parties dans le forum public.

Encore une fois, nous sommes plongés dans un débat émotif entourant le port du niqab par une femme musulmane, une histoire qui mobilise l'attention de toutes les parties dans le forum public.

Je suis moi-même un immigrant d'origine égyptienne, ayant choisi ce pays il y a 34 ans. Je ne suis pas un musulman, mais j'ai un profond respect ainsi que des connaissances raisonnables de cette religion. Dans une société ouverte comme la nôtre, ici au Québec, je suis fier de faire partie d'une société mature et capable de laisser chacun exprimer son «côté de la médaille». Cependant, chaque débat doit arriver à une fin et une conclusion doit en être tirée. Voici mes réflexions sur le débat actuel:

- Comme principe de base, la religion ne devrait jamais faire partie de ce débat. L'histoire de la race humaine a toujours démontré que des individus hautement intellectuels et intelligents peuvent devenir très passionnés et peuvent même perdre leur sagesse lorsque la religion devient le coeur d'un débat. La grande majorité d'entre nous ne sommes ni connaisseurs ni experts des multiples croyances et religions des citoyens de notre société. Le livre de l'histoire du christianisme est rempli de contradictions et les «connaisseurs» n'ont jamais cessé de publier différentes interprétations d'un seul texte qui est parmi nous depuis plus de 2000 ans. Chaque tentative d'interprétation des écrits sacrés est destinée à échouer et doit être abandonnée dès le départ.

- Dans une société démocratique, les projets de loi sont soumis à plusieurs discussions parmi les citoyens avant d'être présentés à l'assemblée des représentants du peuple. Une fois votés par la simple majorité, ces projets de loi deviennent les lois du pays. Le rôle du gouvernement est de faire appliquer ces lois tout en assurant la protection des minorités. Néanmoins, tous les citoyens sont obligés de respecter ces règlements, indépendamment de leurs origines et leurs croyances.

- Le débat actuel devrait donc être examiné avec une approche simple. La question que nous devrions nous poser est la suivante: est-il dans l'intérêt public qu'une personne qui couvre son visage puisse fonctionner d'une façon normale et sécuritaire en public? Est-elle capable de pratiquer des fonctions comme aller à l'école, communiquer avec les élèves, prendre le métro, l'avion, utiliser les services médicaux, se présenter à la cour, etc... Si la réponse à une telle question est «non», donc un projet de loi doit être présenté à l'Assemblée nationale et s'il devient une loi, nous serons tous obligés de la respecter, indépendamment de notre race et de notre religion.

Nous ne pouvons pas gouverner et s'attendre à maintenir une société démocratique saine si nous essayons d'éviter de faire face aux défis, comme dans le cas présent, et de créer de multiples compromis à chaque fois qu'une telle situation se présente. Le gouvernement et l'Assemblée nationale ont l'obligation de base d'établir des directives et des règlements pour ses citoyens. En agissant d'une telle manière, il établit de façon ferme et claire les règles du jeu et il ne laisse pas cette tâche à l'administration d'une école ou au maire d'une ville.

- Notre pays a été bâti par des immigrants. La moindre des obligations que nous avons face aux nouveaux immigrants qui ont choisi d'établir leur famille ici, c'est de les informer à l'avance de leurs droits et obligations en tant que citoyens, ainsi que des principes fondamentaux de leur nouvelle communauté. C'est pourquoi les nouveaux immigrants devraient lire, comprendre et accepter ce «contrat» avant que ne leur soit donné le feu vert.

La force de notre société est d'établir des objectifs bien définis et d'évaluer de façon régulière les nouvelles conditions qui peuvent nous obliger à modifier le chemin, sans changer le but.