Je suis une femme dans la quarantaine, mère de deux enfants, qui fait du vélo pour garder la forme, mais aussi pour se donner bonne conscience en laissant sa voiture à la maison au moins trois fois par semaine... J'aime également le sentiment de liberté que me procure cette ballade quotidienne de 35 minutes entre l'Île-des-Soeurs et mon lieu de travail.

Je suis une femme dans la quarantaine, mère de deux enfants, qui fait du vélo pour garder la forme, mais aussi pour se donner bonne conscience en laissant sa voiture à la maison au moins trois fois par semaine... J'aime également le sentiment de liberté que me procure cette ballade quotidienne de 35 minutes entre l'Île-des-Soeurs et mon lieu de travail.

Jeudi dernier, toutefois, ma petite randonnée matinale s'est rapidement transformée en cauchemar. Je n'ai rien d'une athlète, mais j'ai tout de même un bon coup de pédale et j'imagine que le faux-plat qui descend jusque sous le viaduc de la voie ferrée, rue Wellington à Pointe-Saint-Charles, a contribué à me donner une vitesse appréciable, sans être excessive. Aucun obstacle en vue, aucun arrêt non plus et très peu de circulation à 8h30 sur cette rue commerciale bordée d'un couloir cyclable. Soudain, une voiture émerge sous le viaduc, sens inverse, avec pour destination la rue transversale qui se trouve devant moi. La conductrice n'a pas commis de faute puisqu'elle n'avait pas d'arrêt elle non plus. Elle a mis son clignotant gauche, mais plutôt que de rester dans sa voie le temps de me laisser passer, elle s'est engagée dans la voie inverse. Avait-elle mal évalué ma vitesse, pensant avoir le temps de passer, avant de se raviser et d'arrêter juste avant le couloir de la piste cyclable ou était-ce son intention d'arrêter dès le départ, l'histoire ne le dis pas. Toujours est-il que le contact visuel ne s'est pas fait entre elle et moi, et je n'ai pas pris de chance, j'ai mis les freins. Ce qui s'est passé par la suite, je ne pourrai jamais le savoir clairement. Tout ce que je sais, c'est que les freins de ce nouveau vélo acquis il y a quelques semaines fonctionnent si bien que le vélo est resté là pendant que moi j'effectuais un vol plané par dessus.

Si je n'avais pas porté de casque ce jour là, l'histoire serait bien différente et je ne serais probablement pas en mesure de raconter cette mésaventure aujourd'hui. Le pire, c'est que je n'ai jamais été une fervente partisane du port du casque. Je le porte plus par habitude, pour les courtes sections de mon trajet qui se passent hors piste au centre-ville. Je cultivais un faux sentiment de sécurité à penser que la majorité de mon trajet était sur des voies réservées aux cyclistes.

Les ambulanciers qui m'ont transportée et le personnel de l'urgence m'ont tous dit à quel point j'avais été chanceuse de porter un casque: ma visière était cassée, le renfoncement et la fente sur le devant de mon casque sont d'ailleurs là pour en témoigner. Ils m'ont aussi fait part de leurs craintes face au phénomène Bixi: des cyclistes souvent inexpérimentés, roulant en ville sans casque...

C'est pourtant vrai: personne ne traîne avec lui un casque de vélo, à supposer qu'il en ait un, pour un déplacement souvent non planifié en Bixi. Serait-il envisageable d'ajouter un concept de location de casques à celui du Bixi? Je crois qu'il vaudrait certainement la peine de se pencher sur le problème avant que cette bonne idée ne se transforme en drame pour plusieurs de ses utilisateurs, ce qui ne saurait tarder, question de statistiques. D'ici là, amis cyclistes et adeptes du Bixi, je vous en conjure, prévoyez le coup et portez un casque. Il pourrait vous sauver la vie.