Le Journal de Montréal, reprenant à son compte les élucubrations de Sun Media, filiale de Quebecor (dont un article plutôt mesquin, d'une tonalité «antifrancophone» et qui frise la mauvaise foi), se livre, depuis quelque temps, à une attaque en règle contre Sylvain Lafrance, le vice-président principal des services français de Radio-Canada.

Si on en croit le journaliste, il se serait livré à des excès en matière d'allocations de dépenses, de frais de déplacement et de dons à des organismes culturels.

 

Pour qui, comme moi, connaît le moindrement Sylvain Lafrance, ces accusations ne tiennent pas la route. Il a connu un parcours sans faute au cours de sa carrière de 30 ans à Radio-Canada où il a, entre autres, orchestré avec succès le passage de la première chaîne de la bande AM à la bande FM et, depuis son accession à la vice-présidence, apporté d'importants changements tels que la création d'Espace musique et d'Espace classique, tout en réussissant l'intégration radio-télé-nouveaux médias.

Ses importantes fonctions comme membre du conseil d'administration de TV5 Monde (où il représente le gouvernement canadien) et ses présences aux réunions des radios francophones publiques exigent de lui qu'il se déplace fréquemment en Europe et qu'il représente son employeur un peu partout au Canada et à l'étranger. La plupart des hauts dirigeants et autres sous-ministres qui doivent voyager pour leur travail utilisent parfois la classe affaires en avion et dorment dans des hôtels convenables. Pourquoi en serait-il autrement pour lui?

Mais quel crime a-t-il donc commis? Croit-on que le vice-président de Radio-Canada invite le président de Radio-France chez McDo?

Si les journalistes du Journal de Montréal avaient accès aux comptes de dépenses de leur président, ils seraient fort étonnés d'apprendre que ce dernier voyage en classe touriste et dort à l'Armée du Salut!

Que Radio-Canada, sous l'impulsion de son vice-président, ait jugé bon de coopérer en synergie et en bonne entente avec ses partenaires dans le domaine culturel serait devenu un crime?

Les règles qui régissent la presse et tentent d'en empêcher la concentration excessive exigent qu'on en use avec justice et impartialité. Le CRTC aurait grand intérêt à se pencher sur cette affaire, qui sent le règlement de comptes à plein nez.

Enfin, je désire parodier Voltaire: «Insinuez, insinuez, il en restera toujours quelque chose»... Et tant pis pour les honnêtes gens dont la réputation aura été injustement écorchée...

L'auteur a été député à l'Assemblée Nationale et ministre dans les gouvernements de Robert Bourassa et de Daniel Johnson.