Jane, Sinéad, Zïlon… dur temps pour les rebelles. Ces écorchés vifs qui ne peuvent passer sur Terre sans laisser leur griffe, qui ne peuvent se laisser mettre en terre sans signer leur vie… Je me souviens de l’époque où ce fameux visage – toujours le même, qui mérite depuis longtemps d’être qualifié de « zïlonesque » – « poppait » un peu partout au détour d’un stationnement, d’une ruelle, d’un building à l’abandon, d’un fond de cour industriel…

Zïlon, c’était notre Banksy à nous. Un Banksy bien avant l’heure et un bum romantique qui, armé d’une bombe aérosol, imprimait ses yeux sensibles sur des murs vastes et vierges, bien avant que ceux-ci ne deviennent des espaces lucratifs dédiés à de l’art joli et décoratif, certes, mais ô combien moins subversifs.

C’est d’ailleurs à se demander si ça ne le révoltait pas un peu beaucoup, toute cette récupération. Car Zïlon, c’était aussi cet ami Facebook qui lançait parfois de petites bombes désespérées, qui étalait indignations et mal de vivre avec une candeur déstabilisante qui pouvait laisser sans voix. Pour ces êtres sensibles que l’on sait par moments souffrants (ce qui, paradoxalement, les rend parfois si lumineux !), l’expression convenue « repose en paix » prend alors tout son sens.

Aucun n’aura de difficulté, je pense bien, à imaginer ce graffiteur céleste aujourd’hui sur un nuage, sourire en coin, soudé (enfin !) à sa maman qu’il aimait tant et fier d’avoir laissé une œuvre derrière lui. Une œuvre urbaine forte. Une signature unique.

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