Lorsqu’on regarde les récentes annonces du gouvernement Legault en matière d’agriculture et d’alimentation, force est d’admettre que les voyants ne sont pas tous au vert.

Oui, il y a lieu d’être perplexe quand on observe la tangente récente des investissements de ce dernier, qui consacre des dizaines de millions de notre argent à des solutions agroalimentaires misant avant tout sur la technologie.

Par exemple, on annonçait récemment offrir 32 millions de dollars pour le développement de serres verticales de production de fraises à Vaudreuil-Dorion ou encore 100 millions de plus pour accroître la robotisation et l’automatisation au sein d’entreprises de transformation alimentaire.

Ces annonces et ces sommes attribuées engagent toutefois le secteur agroalimentaire québécois sur un chemin hasardeux et nous éloignent de solutions efficaces et surtout moins coûteuses, ce qu’on pourrait appeler les solutions « low-tech ».

Investir dans notre capital humain : les agronomes

Que veut-on dire par le déploiement de solutions « low-tech » ? En gros, il s’agit de miser sur les humains et sur les connaissances pour développer notre agriculture et nourrir notre monde de la manière la plus écologique et économique possible.

Et l’ultime ressource du genre s’incarne déjà sous forme de profession : celle d’agronome.

Pour la petite histoire, en 1990, on comptait environ 300 agronomes au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. En 2021, ils étaient à peu près 130, soit une réduction de plus de 50 % ! Résultat ? Une quantité phénoménale de connaissances existantes en matière de pratiques agroenvironnementales ne demandent qu’à être transférées vers les producteurs, mais tardent à le faire en raison du manque d’effectifs.

Selon les calculs d’Équiterre, engager 80 agronomes qui seraient 100 % consacrés au transfert de connaissances coûterait seulement 65 millions de dollars sur 10 ans. Voilà un investissement modeste, surtout si on compare le tout aux sommes investies en technologies dans les dernières années.

Malgré tout, récemment, le gouvernement faisait encore des coupes. Non seulement il n’a pas rattrapé son retard en engageant de nouveaux agronomes, mais il vient de faire des coupes dans les programmes de financement permettant aux agriculteurs d’avoir accès plus facilement à des conseillers indépendants.

Cette annonce a eu l’effet d’une douche froide sur beaucoup des hommes et des femmes qui nous nourrissent, les privant d’importantes ressources humaines et financières pour faire face aux différentes tempêtes – économiques ou climatiques – qui s’abattent sur leurs activités.

Alors qu’un sérieux rattrapage serait nécessaire afin de remettre en place une solide fondation bâtie autour de solutions déjà éprouvées, soit des effectifs d’agronomes indépendants, le gouvernement renforce les effectifs « high tech ».

Entendons-nous bien, la technologie n’est pas mal en soi. Elle doit faire partie du panier de solutions à déployer pour faire face aux énormes défis qui nous attendent afin de nourrir la population du Québec. Toutefois, le gouvernement aurait tout avantage à rééquilibrer son approche et à envoyer plus d’argent là où il aurait un rendement sur l’investissement pérenne.

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