L’action du fabricant montréalais de robinetterie industrielle Velan s’est fortement repliée pour la deuxième séance de suite, mercredi à Toronto, laissant planer le doute entourant le projet de vente à l’entreprise américaine Flowserve.

Velan exploite deux filiales en France qui fabriquent entre autres des valves utilisées dans des centrales nucléaires, et les autorités françaises tardent à donner leur aval à la transaction avec Flowserve. Le matériel de Velan se retrouve aussi dans la construction des sous-marins nucléaires français.

« Le processus est difficile en France », admet le grand patron de Flowserve, Robert Scott Rowe.

« Nous travaillons avec le ministère de la Défense, le ministère de l’Énergie, ce n’est pas nécessairement anticoncurrentiel. Il s’agit plutôt de sécurité nationale et de la façon dont la France va de l’avant. Nous allons donc travailler avec eux avec diligence », a-t-il ajouté mercredi durant une conférence téléphonique organisée avec les analystes en marge de la présentation de la plus récente performance trimestrielle de l’entreprise du Texas.

Après avoir perdu 13 % de sa valeur mardi, l’action de Velan a cédé 9 % de plus mercredi pour clôturer à 9,98 $ à la Bourse de Toronto.

Velan avait annoncé en février avoir accepté une offre de 13 $ par action de Flowserve. Les actionnaires de Velan et la Cour supérieure du Québec ont approuvé la transaction en mai.

« À ce stade, nous avons reçu toutes les approbations réglementaires nécessaires, à l’exception du gouvernement français », dit Robert Scott Rowe.

« Nous avons bon espoir d’en venir à bout. Nous travaillons avec diligence avec les autorités françaises, mais pour l’instant, nous n’avons pas de vision claire de leur calendrier d’approbation. Nous espérons avoir une meilleure visibilité sur la voie à suivre pour conclure la transaction dans un avenir proche. Nous restons enthousiastes quant à la combinaison avec Velan et nous sommes déterminés à poursuivre le processus jusqu’à la conclusion de la transaction. »

Velan et Flowserve avaient annoncé en fin de journée mardi que la date limite pour clôturer leur transaction était reportée de 30 jours, au 7 septembre, étant donné que les autorisations réglementaires n’avaient pas encore toutes été obtenues.

Occasion d’achat ?

La panique s’est emparée des petits investisseurs, selon le gestionnaire de portefeuille montréalais Stephen Takacsy, de la firme Gestion Lester.

Ce financier fait le pari que la vente de Velan se concrétisera comme prévu. Il explique que Lester avait vendu la majorité de ses actions de Velan plus tôt cet été au prix d’environ 12,75 $. Il soutient avoir profité du repli observé mercredi pour rebâtir une position dans le titre dans l’espoir de réaliser un gain substantiel rapide.

« Il y a toujours un risque que la transaction tombe à l’eau, comme c’est le cas pour n’importe quelle entente, mais nous pensons que les chances sont très élevées qu’elle se réalise », dit-il.

Stephen Takacsy se montre néanmoins étonné par le plongeon de l’action de Velan et s’attend à ce qu’une solution soit trouvée. Les filiales françaises pourraient, par exemple, être vendues à des entités indépendantes, dit-il. Des garanties peuvent selon lui être données par l’acquéreur à propos des installations, des employés et de la technologie. Il se demande par contre pourquoi la France s’opposerait à une vente à une entreprise américaine. « Ça appartient à des Canadiens présentement. C’est quoi, la différence ? »

Si certaines personnes pensent que Flowserve pourrait dans l’avenir refuser de vendre des valves nucléaires à la Chine, par exemple, forcée ou non par Washington, Stephen Takacsy n’y croit pas. « Qu’est-ce que ça voudrait dire ? Pertes d’emplois en France parce qu’il y aurait moins de ventes de valves ? Flowserve veut acheter Velan pour faire de l’argent, et non pas pour faire de la politique. »

Il n’a pas été possible mercredi de parler avec un membre de la direction chez Velan.