Le processus de révision des options stratégiques à la Banque Laurentienne vient de prendre une tournure pour le moins intrigante. Explications.

Le nombre de prétendants potentiels diminue, alors que la Scotia et la TD ont décidé de ne pas soumettre d’offre pour l’institution financière montréalaise, selon des informations émanant du Globe & Mail.

« Ça réduit possiblement la probabilité d’assister à une vente de la Laurentienne à moins de 50 %, mais si ce n’est pas le cas, ça réduit au moins les chances d’une surenchère pour la banque », indique l’analyste Joe Ng, de la firme Barclays, dans une note de recherche publiée vendredi.

Cet expert – comme bien d’autres d’ailleurs – croyait que la TD, avec ses moyens financiers, et la Scotia, en raison de son désir de bonifier sa présence au Québec, étaient deux des prétendants les plus motivés à vouloir acquérir la Laurentienne.

Le gestionnaire de portefeuille Stephen Takacsy, de la firme Gestion Lester, se dit étonné d’apprendre que la Scotia et la TD se retirent du processus.

Je suis un peu surpris parce qu’il s’agit d’une acquisition assez facile à réaliser pour augmenter ses parts de marché au Québec et prendre de l’expansion dans le financement commercial aux États-Unis [avec la filiale Northpoint].

Stephen Takacsy, gestionnaire de portefeuille de la firme Gestion Lester

Ces deux banques ont peut-être d’autres chats à fouetter, ajoute-t-il. « Je continue de croire que la Laurentienne sera vendue. La question est de savoir à quel prix. »

Si un acheteur devait éventuellement se manifester pour la Laurentienne, Joe Ng estime que les chances s’amenuisent de voir une offre supérieure à la valeur comptable d’approximativement 59 $ par action.

L’action de la Laurentienne avait bondi de 27 % à 43 $ à la Bourse de Toronto le 12 juillet après que la direction de la banque eut annoncé la révision de ses options stratégiques.

Le titre de la banque a cédé 6 % vendredi pour clôturer la semaine à 41,05 $ après la publication des informations selon lesquelles la Scotia et la TD n’avaient pas l’intention de faire une offre.

Tant que la direction de la Laurentienne n’annoncera pas le résultat de l’examen stratégique en cours et qu’une certaine clarté ne sera pas rétablie, Joe Ng pense que le titre de la Laurentienne risque d’emprunter à court terme un lent mouvement à la baisse.

Entre-temps, les investisseurs continuent d’accorder à la Laurentienne une évaluation de beaucoup inférieure à sa valeur comptable (environ 59 $ par action). « Ça laisse entendre que le marché n’est pas convaincu de l’émergence d’une offre d’achat intégrant une prime de surenchère », soutient Joe Ng.

La situation actuelle amène ce spécialiste à se demander ce qu’il adviendra si la vente de la Laurentienne ne se concrétise pas.

Il se demande si les efforts déployés pour explorer différentes options stratégiques pourraient signifier, dans une certaine mesure, que la direction de la Laurentienne doute que son plan d’affaires actuel puisse produire les résultats pouvant ramener la valeur de la banque à un niveau supérieur à sa valeur comptable.

Un été crucial

Il y aurait cependant toujours de l’intérêt pour la Laurentienne, selon des informations obtenues vendredi par La Presse.

Si une transaction doit se réaliser avec une autre banque canadienne, elle risque d’être annoncée à la fin août, au moment de la divulgation des résultats trimestriels des institutions bancaires, car les dirigeants des banques se feront assurément poser des questions sur la Laurentienne par les analystes alors que la direction de la banque, de son côté, devra faire le point sur son processus de révision stratégique en présentant ses résultats.

Pour éviter un inconfort devant les analystes, la PDG de la Laurentienne, Rania Llewellyn, voudra certainement avoir quelque chose à annoncer à la fin août entourant l’avenir de la banque qu’elle dirige.

Si la vente n’est pas la seule option, clarifier la situation sera important. Pour le bien de ses employés, clients et actionnaires, la Laurentienne souhaite assurément un dénouement le plus rapide possible afin d’éviter d’alimenter l’incertitude et la spéculation.

La Laurentienne, la Scotia et la TD n’ont pas souhaité formuler de commentaires vendredi.

Outre les grandes banques canadiennes, les noms d’iA Groupe Financier, du Mouvement Desjardins et de Power Corporation (Wealthsimple) ont tous fait surface cet été à titre de prétendants potentiels.

La Banque Laurentienne, dont la capitalisation boursière frôle aujourd’hui 1,8 milliard de dollars, compte près de 3000 employés et un actif au bilan de 50 milliards.

La Laurentienne en bref

Siège social : Montréal

Activités : services financiers

Année de fondation : 1846

Nombre d’employés : 3000

Actifs au bilan : 50 milliards

Présidente et chef de la direction : Rania Llewellyn