Le dossier de Stéphanie Grammond sur la culture toxique dans le sport amateur au Canada publié le 7 août dans le cahier Contexte a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Motivés par l'anxiété

En tant que psychologue qui travaille avec des enfants qui font de l’anxiété de performance, je suis entièrement d’accord qu’il faut changer la culture du sport élite. Plusieurs de mes jeunes clients et clientes se font prendre dans cette quête de perfection à tout prix. Ces enfants sont souvent des élèves modèles dans des programmes enrichis à l’école et des sportifs élites. Ils semblent si matures et à leur affaire. Malheureusement, ce n’est pas la maturité, mais l’anxiété qui motive ces enfants. Ce qui débute avec le plaisir de pratiquer un sport devient la peur de décevoir, d’être jugé(e), rejeté(e) ou moins aimé(e) s’ils ne sont pas à la hauteur des attentes qu’on a pour eux. Souvent, ils abandonnent à l’adolescence ou vivent avec des troubles de santé mentale qui peuvent perdurer. Cette culture du « gagnant » est plus nocive que bénéfique pour nos enfants.

La Dre Anne Lacasse, psychologue

Tout nettoyer

Je verrais très bien Jean-Luc Brassard dans le rôle de président pour une enquête indépendante sur le sport au Canada. Il n’a pas peur de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Son statut lui permettrait de parler haut et fort pour réformer le système déficient du sport au Canada. Il faut tout nettoyer et recommencer maintenant et la ministre fédérale des Sports ainsi que ceux et celles des autres provinces accorderaient leur appui à ce processus. Maintenant.

Germain Billette

Payer

On ne pourra pas changer la culture dans le sport sans changer les dirigeants et, malheureusement, sans faire payer ceux qui en tirent profit. Une culture, c’est ancré profondément dans une personne, surtout si elle en a tiré profit. Que ces gens paient le prix de leur abus, dans l’ordre et la justice, ce qui ramènera lentement une culture plus saine.

Serge Potvin, Anjou

Un climat toxique

Dossier très intéressant. Mon fils a goûté au sport de haut niveau. Il a fait partie d’équipes nationales et participé à des championnats du monde. Je peux vous assurer qu’il existe un climat toxique dans toutes les fédérations sportives au Canada. Au-delà de l’abus psychologique, il y a un jeu de pouvoir incessant à la tête des fédérations. Des athlètes sont victimes d’injustices et n’osent pas parler de peur de représailles. Il est temps de mettre la lumière sur tout ça et de faire changer les choses pour le mieux. Pour un athlète qui perce et parvient à réaliser son rêve olympique, il y a des dizaines d’athlètes qui quittent le sport aigris, avec des déceptions et des frustrations. Il faut qu’il y ait un grand ménage.

Suzanne D’amours

Fierté mal placée

Les médailles, kossé ça donne ? Qui connaît le nom à quelques exceptions près des gagnants de médailles ? On ne parle jamais de la déchéance des perdants. Fierté mal placée des gouvernements, qui en plus n’aident presque pas ces athlètes. Encourageons la participation pour la santé des jeunes.

Gilles Bisaillon

Aidons nos jeunes à s'accomplir

C’est un sujet qui me préoccupe vraiment beaucoup ces jours-ci. C’est un dossier qui évolue chaque semaine et chacun d’entre nous doit avoir un regard empathique envers nos jeunes. Dans un premier temps parce que je suis père de deux adolescentes, que j’œuvre dans le domaine de l’activité physique et que j’ai une fonction au sein de l’Alliance des moniteurs de ski du Canada (AMSC) pour développer des moniteurs de ski. Parmi mes préoccupations, il y a entre autres de favoriser la pratique de l’activité sous toutes ses formes. C’est-à-dire de bouger simplement pour avoir du plaisir dans un jeu avec des amis, de bouger pour profiter du plein air en famille, de développer à l’école des habiletés motrices utiles qui aideront au développement moteur une fois adulte et aussi, d’avoir une passion pour une, deux, idéalement trois activités sportives qui pourront aider à se découvrir.

Personnellement, j’ai eu de belles expériences athlétiques au cours de ma carrière. J’ai été chanceux et je suis reconnaissant. Mais comme société, nous devons tous, chacun dans nos rôles, accompagner activement nos jeunes afin de grandir dans un environnement social sain.

Le message que je souhaite partager est de valoriser le processus dans lequel sont impliqués nos jeunes quotidiennement. Soyons des leaders positifs pour eux. Ne pas uniquement focaliser sur les résultats. C’est bien d’avoir des objectifs, mais ça doit demeurer le fun.

À titre d’exemple, au cours de ma jeunesse, j’ai exploré plusieurs sports, dont le tennis, le karaté, le baseball, la gymnastique, la voile, le BMX et le ski. En plus, tous les sports scolaires. Plus tard, j’ai eu à choisir entre le baseball et le ski afin de poursuivre mon développement. Et j’ai choisi le ski, car j’avais plus de fun. Une sensation qu’aucun autre sport ne pouvait m’apporter. Ça vrai encore aujourd’hui.

Paradoxalement, plusieurs personnes de mon entourage me demandent souvent si mes filles sont bonnes en ski. Je leur réponds qu’elles ont du fun car la plus grande aime skier essentiellement avec ses amies pour le simple plaisir de glisser, alors que ma plus jeune préfère aller dans le « snow park ». Cela dit, elles ont chacune un grand intérêt pour la danse, encore plus que pour le ski, simplement parce qu’elles aiment ça, qu’elles ont du fun et qu’elles sont choyées d’avoir une bonne école de danse avec de belles valeurs.

Finalement, agissons ensemble pour changer les paradigmes dans le milieu du sport. Aidons nos jeunes à s’accomplir. Soyons ensemble sensibles aux réels désirs de nos enfants au lieu de prioriser à l’occasion les besoins des clubs, organisations sportives et fédérations.

Frédérik Lépine, kinésiologue et professionnel de ski