L’éditorial de Stéphanie Grammond concernant la grève au port de Montréal a suscité de nombreux commentaires, une majorité en désaccord avec les moyens de pression des débardeurs. Voici un aperçu des courriels reçus.

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Merci pour les infirmières

Merci tellement Mme Grammond d’avoir mentionné les infirmières ! C’est précisément à elles que j’ai pensé au Téléjournal avec la nouvelle sur les débardeurs. Depuis combien d’années se battent-elles pour obtenir des conditions décentes de leur horaire de travail ? Qui aura cette sensibilité de mettre fin à ce conflit travail/famille qu’elles vivent au quotidien ? Peut-être les débardeurs devraient-ils montrer aux infirmières comment ils s’y prennent pour que fonctionnent leurs moyens de pression… Non. Lorsqu’elles en usent, ce sont des coupes de salaires. Deux poids, deux mesures. — Andrée Thériault

Pas de file de candidats ?

Quelque chose m’échappe : à 126 000 $ par année, il n’y a pas de file de candidats pour obtenir un poste ? Plus d’employés équivalent à moins de journées de disponibilité pour la même somme d’argent répartie entre plus de débardeurs… non ? — Michel Girouard

La sympathie est de mise

Madame Grammond, bien sûr que nous avons beaucoup de sympathie pour les infirmières qui ont l’obligation d’effectuer du temps supplémentaire. C’est inhumain. Mais d’obliger les débardeurs à demeurer disponibles 19 jours sur 21 l’est tout autant. Les deux situations méritent la même sympathie. Tentons de régler ces deux aberrations avec le même égard. — Stéphan Meloche

Le beurre et l’argent du beurre

La conciliation travail-famille a le dos large, car elle pourrait être réglée rapidement par l’embauche de personnel. On remplace 1000 jobs à 120 000 $ par 1500 à 80 000 $. Le véritable problème est l’ajustement salarial qui vient avec. On veut le beurre et l’argent du beurre. — Marie-Anne Tremblay

Une honte de se plaindre

Les débardeurs devraient arrêter de se plaindre. Quelle scolarité ces travailleurs ont-ils ? Combien de gens n’atteindront jamais ce salaire, même avec deux emplois ? Une infirmière monoparentale qui travaille une fin de semaine sur deux et fait des 16 heures a beaucoup plus de difficultés à concilier travail et famille. Ne pas oublier que ces infirmières travaillent plus que 5 h 20 min par jour. Avec ce qu’ils ont, c’est une honte d’entendre les débardeurs se plaindre. — Louise Corriveau

On doit accepter les contraintes

Quand on accepte un emploi, on accepte les contraintes qui vont avec, surtout à 126 000 $ par année pour 5 h 20 min de travail par jour… Se tenir disponible 19 jours sur 21 ? Eh bien, c’est une contrainte causée par la nature du travail. Ceux qui sont insatisfaits peuvent toujours se recycler ailleurs à 30 000 $ par année pour 8,5 heures de travail par jour et jouir d’un jour de week-end par semaine… — Danielle Lavigne, Terrebonne

Que les syndicats acceptent les demandes

Que les syndicats acceptent d’augmenter le nombre d’employés et le nombre d’heures travaillées payées par jour. Il y aura moins d’heures supplémentaires et un horaire plus facile pour satisfaire la demande du conflit travail-famille. — Claude Paquet

Une question d’image

Ils ne le diront jamais ouvertement, mais une loi spéciale forçant les travailleurs à retourner au travail fait très souvent l’affaire de plusieurs dirigeants syndicaux. Politiquement face à leurs membres, ils conservent l’image de ceux qui se sont battus au front sans plier et remettent la faute à l’échec d’un règlement négocié au gouvernement qui a passé cette loi spéciale. En plus, ça leur permet de ne pas dire à leurs membres que les demandes sont déraisonnables, ça leur permet donc de faire d’une pierre deux coups. — Bertrand Harvey

Des bébés gâtés

Ces syndiqués sont de gros bébés gâtés. Ils voudraient avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas être payés 126 000 $ par année et vouloir avoir un équilibre travail-famille et ne travailler que cinq heures par jour. S’ils ne sont pas contents, ils peuvent aller voir si d’autres employeurs seraient prêts à leur offrir ces conditions. Ils ne réussiront pas. Alors, vivement une loi spéciale pour éviter que plusieurs secteurs de la société n’en souffrent, et pour de mauvaises raisons. — Pascal Beaupré

Deux poids, deux mesures

Je ne me scandalise pas que les débardeurs gagnent 126 000 $ par an. Tant mieux pour eux. Comme vous, je trouve injuste que les professeurs et les travailleurs de la santé soient si mal payés. Mais ce n’est pas en tapant sur les débardeurs qu’on améliorera le sort des professeurs et des travailleurs de la santé. On se scandalise que des ouvriers soient bien payés, mais on considère du domaine de la régie interne que Bombardier verse 17 millions de dollars comme indemnité de départ à un PDG qui l’a coulée ; même si les billets sont encore chauds de la poche du contribuable. Et puis, comme vous le dites si bien, le port est un service essentiel : on ne va tout de même pas attendre pour un vélo ou la céramique de la salle de bains. Les moyens de pression sont un droit inaliénable ; à la condition que ça ne dérange personne. Absolument personne. — Claude Lavoie, Montréal