Il fait sombre. Les conditions de neige et de glace laissent encore à désirer. C’est la période de l’année ou l’amateur de plein air a besoin d’inspiration. Ça tombe bien, des aventuriers québécois viennent de publier deux livres qui pourrait l’inciter à se lancer dans de grandes expéditions… ou à passer quelques semaines de plus à lire près du feu.

Dans 234 jours, Nicolas Roulx et Guillaume Moreau racontent leur traversée du Canada du nord au sud, de la station Eureka, dans l’île d’Ellesmere, à la Pointe-Pelée, en Ontario. Ils parcourent ainsi 7600 kilomètres en ski, en canot et à vélo entre avril et novembre 2021.

Mais il y a aussi une amitié qui se désagrège pendant la section de canot, un moment difficile que Nicolas Roulx essaie d’aborder le plus délicatement possible.

PHOTO FOURNIE PAR EXPÉDITION AKOR

La traversée de Nicolas Roulx et Guillaume Moreau comprenait une longue section en canot.

C’est essentiellement lui qui a rédigé la brique de près de 500 pages, avec l’aide des notes de Guillaume Moreau et de Jacob Racine et des infolettres qu’écrivait son frère Dominic Roulx pendant la longue expédition.

« J’ai toujours écrit, raconte Nicolas Roulx. Je suis bien content du résultat, mais ça montre surtout à quel point je suis incapable d’avoir un esprit de synthèse. »

Le livre se lit toutefois très bien grâce à de courts chapitres qui se terminent souvent par un élément de suspense.

Les dialogues et les monologues intérieurs sont écrits dans une langue vivante, colorée, que reconnaîtront les Québécois.

« J’aime beaucoup les contrastes de ton, explique Nicolas Roulx. J’aime ça avoir une langue soutenue dans une phrase, puis un sacre dans la phrase d’après. Je trouve que ça garde allumé, ça donne envie de lire la suite. »

Destination : Antarctique

PHOTO FOURNIE PAR CAROLINE CÔTÉ

Caroline Côté a fracassé un record lors de la traversée vers le pôle Sud.

Il faut aller aux antipodes pour suivre le récit de Caroline Côté, L’appel de l’Antarctique. En décembre 2022 et en janvier 2023, la jeune femme parcourt seule 1100 kilomètres entre Hercules Inlet, à proximité de la côte, et le pôle Sud. Elle établit un record de vitesse féminin, soit une traversée de 33 jours, 2 heures et 53 minutes.

Caroline Côté consacre une grande partie du livre à la préparation de l’expédition. « C’est le côté le plus important, mais aussi le plus stressant, raconte-t-elle en entrevue. Si c’est mal fait, le reste ne se passera pas très bien. »

Elle en profite pour donner des trucs et conseils que peuvent suivre les adeptes de plein air qui préparent leur propre petite aventure. Elle mentionne également des études et des recherches sur divers sujets liés aux expéditions en milieu hostile.

« Ça fait partie aussi de mes conférences. J’aime que les gens repartent avec peut-être plus de connaissances sur les milieux polaires ou sur les humains, ou encore sur le froid. »

PHOTO FOURNIE PAR CAROLINE CÔTÉ

Les expéditions polaires sont difficiles, mais Caroline Côté réussit à y trouver des moments d’émerveillement.

L’expédition est difficile, évidemment. Les conditions météo peuvent être brutales, le froid entraîne des bris d’équipement, il faut faire preuve de grande vigilance : un détail oublié peut entraîner une catastrophe. Mais Caroline Côté ne veut pas parler d’expédition extrême.

Je n’aime pas trop le mot extrême parce que je retire beaucoup de bien-être du fait de faire du ski pendant toute une journée. Oui, c’est froid, mais l’habitude, le quotidien font en sorte que je ne trouve pas ça extrême.

Caroline Côté

Il y a donc place pour le bonheur, l’émerveillement.

L’écriture du livre, commencée dans sa petite tente battue par les vents, lui a permis de faire le bilan de son expédition. « Je me demandais si j’aurais été fière de moi-même si je n’avais pas battu le record. Sur le coup, j’aurais dit non. Mais avec le temps, je réalise que j’aurais été fière de pouvoir simplement terminer l’aventure. »

234 jours

234 jours

Cardinal

448 pages

L’appel de l’Antarctique

L’appel de l’Antarctique

Goélette Éditions

160 pages

Suggestion vidéo

Ski sur la Terre de Baffin

Les Américains Noah Kuhns et Luke Hinz travaillent fort pour descendre en ski les couloirs vertigineux de la Terre de Baffin.

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Le chiffre de la semaine

230 km

C’est la distance moyenne parcourue chaque jour par une femelle faucon munie d’un système de traçage par satellite, lors d’une migration de 10 000 kilomètres entre l’Afrique du Sud et la Finlande.