De plus en plus de skieurs délaissent les stations de ski alpin et se lancent sur les flancs de montagnes sauvages. Ce nouveau terrain de jeu soulève des questions de sécurité particulières et la fédération responsable du ski de montagne a décidé de faire une campagne de sensibilisation un peu différente avec un court métrage.

« On voulait faire un documentaire choc pour faire prendre conscience que, même si on n’est pas nécessairement très éloigné, on peut être vraiment dans le trouble, déclare Maxime Bolduc, directeur du ski à la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME). Il faut être bien outillé pour répondre de la façon la plus efficace possible à des évènements ou à des accidents qui pourraient arriver. »

La Fédération cherchait à innover, à aller au-delà de son réseau, déjà assez bien conscientisé, « même si on n’est jamais assez conscientisé ».

« La pandémie a fait en sorte qu’il y a beaucoup de gens qui faisaient du ski alpin et qui ont décidé d’aller dans le hors-piste parce qu’il y avait de grosses restrictions dans les centres de ski alpin, raconte M. Bolduc. Ça a créé de nouvelles problématiques parce que ce sont des gens qui sont habitués à des endroits sécurisés, donc patrouillés, sur une surface qui est travaillée mécaniquement. Il faut développer des capacités individuelles pour être capable de se sortir du trouble. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Nombreux sont les skieurs qui délaissent les stations pour aller glisser dans des milieux plus sauvages.

La FQME a également voulu viser les skieurs de freestyle plus urbains qui pourraient avoir envie d’aller dans le hors-piste en pleine montagne. Le film, La dernière descente, a été inscrit à l’International Freeski Festival 2022 et a été retenu dans la sélection officielle.

Le film de 25 minutes tourne autour de trois évènements, dont deux qui se sont réellement produits, images à l’appui. Dans un premier temps, le réalisateur Dylan Page revient sur l’avalanche qui a emporté Mathieu Rouleau en avril 2005 sur le mont Hogsback, en Gaspésie. Son partenaire de ski Guillaume Roy et lui n’avaient pas avec eux l’équipement à transporter en terrain avalancheux, soit une balise, une sonde et une pelle.

Le deuxième évènement s’est déroulé dans le secteur hors-piste du mont Édouard, au Saguenay, en janvier 2019. Lors d’une journée de tournage, le cinéaste Yannick Limary a heurté un arbre après une chute en planche à neige.

Le troisième évènement est la simulation d’un évènement semblable, mais la situation se prolonge dans la nuit parce que les partenaires du skieur blessé ne parviennent pas à entrer en communication avec l’extérieur pour obtenir des secours.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le ski de montagne est magnifique mais il faut demeurer attentifs aux enjeux de sécurité.

« On skie dans des endroits où il y a beaucoup d’arbres, note Maxime Bolduc. Donc, les commotions, les impacts avec des obstacles, ça peut être assez courant si on ne fait pas attention. C’est pour ça qu’on a pris cette simulation. Puis il y a toute la problématique de l’hypothermie, de la gestion du groupe, de la communication. On voulait l’imager. »

Les avalanches constituent évidemment un danger important dans plusieurs secteurs du Québec.

Il ne s’agit pas d’éviter ces places-là, mais de s’éduquer. Il y a des cours qui sont offerts. Il faut que les gens aillent se former.

Maxime Bolduc, directeur du ski à la FQME

« Un cours de premiers soins en région éloignée, ça peut sauver des vies », ajoute Maxime Bolduc.

Il faut évidemment partir avec le matériel adéquat, mais aussi avec des vêtements chauds, de la nourriture, un moyen de se réchauffer, un moyen de communication et un traîneau d’évacuation portatif comme le Nano Traino (une conception québécoise). « Il s’agit de toujours prévoir un petit peu plus quand on va dans le hors-piste. »

Maxime Bolduc affirme que les premiers commentaires depuis la sortie du film sont très positifs. « Désolé pour l’anglicisme, mais c’est un wake-up call, ça vient brasser un peu les gens. »

Il ajoute que la production du film a également aidé la FQME à se pencher sur ses façons de faire pour donner le plus d’outils possible aux pratiquants. « C’est une activité qui est magnifique, mais qui comporte des risques pour lesquels il faut se préparer, déclare M. Bolduc. Si on n’a pas les capacités d’aller dans le hors-piste de façon autonome avec les amis, il s’agit d’utiliser un service de guide et de se former. »

Suggestion de vidéo

Avalanche dans les Chic-Chocs

Voici un extrait du film de Dylan Page La dernière descente.

Regardez le film La dernière descente

Chiffre de la semaine

18 cm

C’est la longueur que peut atteindre un sabot d’orignal. Ça fait de méchants gros trous dans une piste de ski de fond.