Sans le ski acrobatique, Julien Viel et Maïa Schwinghammer ne seraient rien. Littéralement. Leur récit est une histoire d’amour, de famille et de réussite.

Les parents de Schwinghammer se sont rencontrés lors de la Coupe du monde de ski acrobatique à Mont-Tremblant, il y a de cela « trop d’années pour qu’[elle s’]en souvienne précisément », raconte-t-elle. Son père, venu de la Saskatchewan pour l’occasion, et sa mère, originaire de la région laurentienne, ont fait connaissance au pied de la montagne lorsque les deux travaillaient à l’organisation de la compétition.

Pour sa part, Viel est un « skieur de troisième génération ». Grâce à son père et à son grand-père, il baigne dans le monde du ski acrobatique depuis sa naissance. « Dans ma famille, ça parle de ski de bosses au souper, dans les fêtes, à Noël, c’est vraiment cool ! » Sa mère, elle aussi skieuse, a connu son père par l’entremise du ski lors de compétitions provinciales.

Depuis presque deux ans, les skieurs de 21 ans forment un couple. Sans même le savoir, il aurait été facile de le déduire vu les regards complices et admiratifs lancés l’un vers l’autre pendant l’entrevue Zoom de leur chambre d’hôtel en Italie organisée par La Presse.

« On est vraiment une belle famille de ski acrobatique et on essaie de continuer la lignée », lance Viel.

Plus important encore, ils vivent leur rêve ensemble. Pour eux, c’est le début de tous les possibles.

Une saison fracassante

Les deux protagonistes le reconnaissent, leur début de saison n’a pas été à la hauteur de leurs attentes. Pendant la pause des Fêtes, ils ont pu se ressourcer et réfléchir. Ils avaient pourtant connu un long camp d’entraînement, à Whistler et au Chili, pendant l’entre-saison. Suffisamment, justement, pour rehausser leurs standards en matière de résultats.

Le déclic s’est fait au retour du long congé, à la Coupe du monde de Val Saint-Côme.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE JULIEN VIEL

Maïa Schwinghammer et Julien Viel forment un couple depuis presque deux ans.

« Je skie bien depuis le début de la saison et je savais que ça allait venir. Ce n’était qu’une question de temps. C’est vraiment à Val Saint-Côme que ça a débloqué », explique Schwinghammer, qui comprend parfaitement le français, même si elle a grandi dans l’Ouest canadien.

Épatante sur la piste de Lanaudière, elle a obtenu son meilleur résultat en carrière avec une cinquième position.

La semaine suivante, à la mythique montagne éclairée de Deer Valley, elle a terminé au pied du podium. « Je lui dis depuis longtemps qu’elle est une des meilleures skieuses sur le circuit. Je suis vraiment fier », souligne son compagnon.

Elle croit même pouvoir mordre dans une médaille avant longtemps. « Je sens vraiment que je peux y arriver. Dans mes deux super finales à Val Saint-Côme et à Deer Valley, j’ai commis des erreurs. Donc finir 4e et 5e en sachant que j’ai des trucs à améliorer, ça me donne confiance que je vais pouvoir percer le top 3. »

Un exploit réalisé par Viel, lors de la dernière Coupe du monde, en Italie. Il a pris le troisième rang à l’épreuve des bosses en parallèle. Avant cette course, son meilleur résultat en carrière était une neuvième place, en Utah, la semaine précédente.

« C’est arrivé un peu par surprise, mais le matin même, j’ai eu un petit feeling en me levant que ça allait être une bonne journée », se rappelle le principal intéressé.

PHOTO JEFF SWINGER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Julien Viel à Park Valley, en Utah

Schwinghammer confirme : « Ce matin-là, il m’a dit  :“Regarde-moi aujourd’hui, je vais avoir mon premier podium”, se souvient-elle en riant. C’était évidemment très spécial de le voir aller. C’est inspirant pour le reste de l’équipe de croire qu’on peut être sur le podium, nous aussi. »

À l’approche des Championnats du monde, ils n’ont qu’un seul souhait : avoir du plaisir, « parce que c’est lorsqu’on a du fun qu’on skie le mieux », précise Viel.

Double pression

« Je ne dirais pas que c’est toujours facile », estime Schwinghammer, en replaçant ses cheveux, au sujet de leur situation amoureuse tout à fait unique. Après tout, rares sont les athlètes ayant le privilège de côtoyer leur tendre moitié quotidiennement. Dans leur cas, ça s’impose.

Malgré tout, ils ne voudraient rien changer, poursuit-elle.

On voyage partout sur la planète ensemble, on traverse des situations stressantes ensemble. On est chanceux de toujours pouvoir être là l’un pour l’autre.

Maïa Schwinghammer

Effectivement, le duo réussit bien à gérer ses émotions, croit Viel. D’autant plus que dans le contexte, la pression et le stress sont doublés. Les deux veulent le meilleur pour l’autre. La charge mentale et le souci d’avoir de bonnes performances sont amplifiés à chaque compétition.

« Je ne vois pas souvent Maïa descendre pendant la journée, parce que ça me rend nerveux et je ne veux pas que ça affecte ma compétition. Mais je regarde ses descentes après la journée et je suis toujours super fier d’elle. Ça me rend heureux. »

Si certains craignent un remous après le départ éventuel de Mikaël Kingsbury, l’équipe nationale de ski acrobatique est en bonnes mains si elle est tenue à bout de bras par Schwinghammer et Viel. Leur cœur est conditionné à battre au rythme des bosses et ils sont prêts à porter le flambeau bien haut, pour l’amour du ski.