« Je veux que ce soit bien fait. »

Quelle étrange saison du Canadien ! Seulement dans la dernière semaine, il vient :

  • de perdre à domicile contre la pire équipe de la LNH ;
  • de forcer une prolongation contre un club invaincu depuis Noël ;
  • de battre les favoris pour gagner la Coupe Stanley.

Mon cerveau grésille.

Vendredi, les partisans réclamaient une braderie. Ouste Sean Monahan. Ouste Joel Armia. Ouste Jordan Harris. Ouste David Savard. Ouste MÉTAL ! Tout ce qu’il faut pour couler au classement et repêcher plus haut. Lundi soir, après la victoire surprenante contre l’Avalanche du Colorado, il fallait démonter le kiosque. Vite, vite, vite. Et si le CH réalisait une remontada historique ? Après tout, il n’est plus qu’à six points d’une place en séries. Une séquence de 12 victoires consécutives est si vite arrivée…

Le Canadien vous fait vivre des émotions en montagnes russes ? Imaginez être dans le train – pour vrai. Être Kent Hughes. Ou Jeff Gorton. Ou Geoff Molson. Comment vivent-ils cette saison insolite ?

Geoff Molson nous en a donné un aperçu, mardi, dans une rare sortie publique. Le propriétaire et président de l’équipe était de passage à Saint-Jérôme pour inaugurer la 14e patinoire extérieure Bleu Blanc Bouge, construite par la Fondation des Canadiens pour l’enfance. Quelques heures après le succès inattendu du CH contre l’Avalanche, M. Molson était d’excellente humeur. Il a même commenté la possibilité d’une participation aux séries éliminatoires, sans toutefois oser prononcer le mot Voldemort.

Inauguration d’une patinoire Bleu Blanc Bouge à Saint-Jérôme
  • C’est l’heure de patiner à Saint-Jérôme !

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    C’est l’heure de patiner à Saint-Jérôme !

  • Même Youppi ! a chaussé les « patins »…

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Même Youppi ! a chaussé les « patins »…

  • Pierre Boivin, président du conseil d’administration de la Fondation des Canadiens pour l’enfance, Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme, et Geoff Molson, propriétaire et président du Canadien

    HOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Pierre Boivin, président du conseil d’administration de la Fondation des Canadiens pour l’enfance, Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme, et Geoff Molson, propriétaire et président du Canadien

  • Stéphan Lebeau, Yvan Cournoyer et Réjean Houle étaient aussi présents pour l’occasion.

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    Stéphan Lebeau, Yvan Cournoyer et Réjean Houle étaient aussi présents pour l’occasion.

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« On ne sait jamais. Tout est possible. On n’est pas loin d’une place pour les wild cards [équipes repêchées]. Ça prendrait toute une performance dans la deuxième moitié de saison et plus de constance. Mais on espère gagner chaque soir. Si on réussit à enfiler plusieurs victoires de suite, on ne sait jamais. »

Quoiqu’avec des si, le REM serait déjà terminé. La réalité, c’est que le Canadien peine à aligner les victoires. La dernière fois que l’équipe a gagné trois matchs de suite, c’était en février dernier. Ça fait presque un an. À l’opposé, les trios de défaites, eux, sont fréquents. Il y en a d’ailleurs eu deux depuis Noël.

D’où l’importance d’améliorer la constance. C’est le nouveau mot à la mode au sein de l’organisation. L’entraîneur-chef Martin St-Louis l’a employé, la semaine dernière, après la défaite contre les Sharks de San Jose. « Nous devons être plus constants. »

Le directeur général Kent Hughes l’a martelé plusieurs fois pendant son bilan de mi-saison, lundi. « On voit une progression. Ce n’est pas constant, mais c’est naturel avec une jeune équipe. » Geoff Molson a renforcé le message de ses lieutenants.

« En termes de développement de nos jeunes joueurs, on voit que ça avance. Ça progresse. C’est une bonne nouvelle. Kent [Hughes] a aussi parlé de constance. C’est un mot important. On n’est pas rendus là encore. Pour être une équipe de haut niveau, ça prend de la constance à chaque match, que ce soit en infériorité numérique, en supériorité numérique ou à cinq contre cinq. »

On est en développement. Je suis fier de la performance de l’équipe, mais la constance aidera beaucoup dans le futur.

Geoff Molson

Compte-t-il bientôt imposer une obligation de résultat à son équipe ?

Pas tant. Du moins, ça ne semble pas une priorité.

« Tout le monde veut accélérer le processus, a-t-il expliqué. Mais il faut être patient aussi. Les deux sont importants. L’important, pour moi, c’est qu’en défense, en avant, devant les buts, on voie une progression. En plus, on a de jeunes joueurs à Laval qui cognent à la porte. C’est bon aussi. Pour nous, c’est un processus. On le suit. Tout le monde veut que ce soit plus rapide, mais il ne faut pas casser notre stratégie pour être plus rapides.

— Êtes-vous dans le camp des patients ou des pressés ?

— C’est la première fois dans l’histoire de cette équipe qu’on reconstruit complètement, et je veux que ce soit bien fait. »

Geoff Molson a un atout : la fidélité des partisans. Même si le Canadien pointe au 25e rang du classement général, le club continue de remplir le plus gros aréna de la ligue match après match.

Assistance par match en 2023-2024

  • Canadien de Montréal 21 091
  • Oilers d’Edmonton 20 228
  • Lightning de Tampa Bay 19 092
  • Blackhawks de Chicago 18 954
  • Maple Leafs de Toronto 18 804

Comme je l’ai expliqué récemment dans notre balado Sortie de zone, une reconstruction, ça reste un privilège de riches. Les Jets de Winnipeg, avec 13 000 spectateurs par partie, ne pouvaient pas se permettre de couler pendant cinq, six, sept ans. Les Sénateurs d’Ottawa, qui sont tombés à 10 000 spectateurs en 2021-2022, ont dû peser sur l’accélérateur pour rattraper le peloton et vendre des billets.

Tant que le Centre Bell restera plein – et rien ne suggère le contraire –, Geoff Molson aura le luxe de choisir son camp entre celui des pressés et celui des patients.