Au hockey, les matchs de 6-5 sont souvent les plus spectaculaires. Pensez à la rencontre ultime de la Série du siècle. À la finale de la Coupe Canada de 1987. À l’improbable remontée de cinq buts du Canadien face aux Rangers de New York, en 2008. Le stress grimpe. Les rebondissements s’enchaînent. L’adrénaline est au plafond.

Qui a les chips, les enfants ?

J’ai besoin du sac.

STAT !

Le premier affrontement de la saison entre le Canadien et les Maple Leafs, gagné 6-5 en tirs de barrage par les Torontois, n’a pas fait exception. C’était enlevant. Haletant. Excitant. Encourageant, aussi, si vous êtes un partisan du Tricolore. Cinq buts du CH sur la route, contre une des puissances de la LNH, on n’a pas vu ça souvent ces derniers mois. Par contre, six buts ou plus donnés à l’adversaire, ça devient une mauvaise habitude. C’était déjà la 13e fois que ça se produisait depuis octobre dernier.

Ce manque de cohésion en défense m’inquiète. Car si je peux anticiper une hausse de la production offensive cette saison, je conçois mal comment le CH réglera ses problèmes dans son territoire. Mercredi, on a d’ailleurs revu plusieurs éléments qui ont miné les performances de l’équipe la saison dernière. Plus de 40 tirs accordés. Des unités inefficaces en infériorité numérique. Et un gardien, Jake Allen, trop généreux envers ses adversaires.

Allen, préféré à Samuel Montembeault pour le match d’ouverture, a réalisé de beaux arrêts en prolongation, notamment face à John Tavares et à Auston Matthews. Or, si le match s’est rendu en surtemps, c’est parce que plus tôt dans la rencontre, il a donné deux mauvais buts. Un à Noah Gregor, sur un tir de routine. L’autre à Matthews, sur un tir d’un angle très, très aigu. Si vous trouvez qu’Allen est le morceau de trop dans le ménage à trois avec Montembeault et Cayden Primeau, dites-vous que sa performance face aux Leafs n’incitera aucun dépisteur professionnel à prendre le téléphone pour le recommander à son patron. D’autant plus qu’elle survient après une fin de saison difficile. En mars dernier, Allen avait maintenu une moyenne de 4,55, et un taux d’arrêts de seulement 86 %.

Un autre volet préoccupant, c’est l’infériorité numérique. Depuis deux ans, le Tricolore est avant-dernier de la LNH à court d’un ou deux hommes. Encore mardi, il a concédé deux buts dans ces circonstances, en moins de six minutes. Ça prendra des solutions – et vite. Surtout que le Canadien est une des équipes les plus indisciplinées de la ligue. Ça aussi, on l’a constaté mardi, avec trois pénalités en zone offensive (dont une, celle d’Alex Newhook, n’était pas méritée).

Je vous rassure, j’ai aussi vu du positif dans cette défaite. Plusieurs joueurs se sont démarqués, notamment trois attaquants acquis par la nouvelle administration. Juraj Slafkovsky, Kirby Dach et Alex Newhook, réunis au sein d’un même trio, ont très bien fait paraître Jeff Gorton et Kent Hughes. Slafkovsky a disputé un de ses meilleurs matchs dans l’uniforme du CH. J’ai apprécié son implication physique. C’est d’ailleurs une de ses batailles remportées le long de la bande qui a permis à Newhook d’inscrire son deuxième but de la rencontre. Dans l’ensemble, le Canadien s’est bien débrouillé à forces égales, et il a été au mieux en supériorité numérique.

C’est assurément un club qui comptera plus de buts que la saison dernière.

Son défi, ce sera plutôt d’en donner moins.

L’Étoile du Nord

PHOTO MATT BLEWETT, USA TODAY SPORTS

Édouard Julien

Au moment même où le Canadien entamait sa saison, Édouard Julien, lui, terminait la sienne. Son équipe, les Twins du Minnesota, s’est inclinée en quatre parties devant les champions de la dernière Série mondiale, les Astros de Houston.

Dans la défaite, le Québécois a brillé, avec un circuit au champ opposé et trois présences sur les sentiers. Au total, en séries, il s’est rendu sur les buts 45,5 % des fois. Un résultat remarquable pour une recrue. Son avenir est prometteur. Son potentiel ? Il a ce qu’il faut pour devenir le meilleur frappeur formé au Québec de l’histoire.